dimanche 18 décembre 2005

Beau temps de fin d'année

Panorama vu de la coursive menant à notre chambre. (Bâtiment qui me rappelle furieusement les mansions nippones du côté d'Osaka). Il fait beau. On aperçoit, par-delà le parking, l'institut Vatel où Yen étudie d'arrache-pied...

dimanche 11 décembre 2005

In lumine lugduni

Pour la petite histoire (que je suis allé chercher ) :

L'histoire du 8 décembre

La tradition du 8 décembre est née il y a plus d’un siècle et demi. Le 8 décembre 1852 est prévue l’inauguration d’une statue de la Vierge Marie, sur la colline de Fourvière. C’est un moment important pour tous les croyants de la ville qui devait, à l’origine, se dérouler le 8 septembre, mais qui a dû être reporté en raison d’une crue de la Saône. En ce soir du 8 décembre, alors que la fête se prépare, un orage s’abat sur Lyon et menace une fois de plus la cérémonie. Heureusement le temps redevient clément et la population, qui avait tant attendu cette manifestation, illumine d’un geste spontané ses fenêtres et descend dans les rues.

« Tout à coup, selon le récit d’un chroniqueur, apparaissaient à quelques fenêtres inconnues des lignes de feu… La ville s’était embrasée en un instant. Bientôt, il ne restait plus, sur la vaste étendue des quais, des rues, des passages ignorés et des cours invisibles, aucune fenêtre obscure. Les petits marchands illuminaient leurs baraques, leurs voitures et jusqu’aux bordures des trottoirs…(…) A huit heures, la population entière était dans la rue, circulant, paisible, joyeuse et attendrie. Les étrangers n’en revenaient pas de leur surprise, et les Lyonnais, tout emplis qu’ils étaient de cette fête improvisée, se demandaient comment, en un instant, une population de trois cent mille âmes avait pu être saisie de la même pensée».

Les Lyonnais conserveront cette coutume jusqu’à nos jours, tous les 8 décembre…


Il n'empêche, nous nous y sommes rendus de Nîmes ce 10 décembre au soir. Les Lyonnais de sortie gambadent en famille, toutes parkas portées. Une balade dans la presqu'île, des Terreaux aux quais de Saône. Et une façade de l'église Saint-Nizier éblouissante...












samedi 5 novembre 2005

Despues de octubre

Mais que voulez-vous qu'il se passe en novembre ? Quelqu'un a-t-il quelque chose à raconter au mois de novembre ? J'en doute. C'est une période en blanc, un vide. Notez, décembre ne vaut pas mieux. Mais au moins, c'est un mois qui a le mérite de clore l'exercice. Novembre, c'est une trentaine de journées assez ternes. Et vous voyez, je ne prétends même pas vous apprendre quelque chose. Car qu'en faites-vous, vous, de ce mois pourri ? Rien ou bien peu. Mais ça console peut-être, de se dire que ce mois-là on est redevable de rien.

Oh, bien sûr, on pourra m'objecter que tout est relatif. J'en connais qui se taillent la part belle en ce pénultième mois. Vous en connaissez aussi, certainement. Et alors ?

Novembre, et on attend mieux.

Sur ce, bon vent !

mardi 18 octobre 2005

L'austere chambre

De nouveau, un logis.
De nouveau, petit.




De nouveau, oui, un lit,
des plaques electriques,
un frigo vrombissant,
une cabine de douche,
et les toilettes,
tout-en-un,
chambre comprise.

samedi 15 octobre 2005

Yen de Nimes

D'abord, et avant toute chose, le monumental.



C'est ecrit : Nimes, ville romaine (dont je n'ai pas l'accent si typographique).


C'est octobre et les arenes sont vides.

Mais nous y reviendrons.

samedi 1 octobre 2005

Septembre embastillé

C'est un étrange travail que l'introspection, le retour sur soi et sur ce qui a été vécu. On en garde des bribes, des morceaux épars qu'il faut bien – pour la lisibilité d'un texte – raccommoder le mieux possible. Alors on cherche encore le liant qui faisait de tous ces instants une douce continuité, celle du temps de la vie telle qu'elle s'est déroulée au fil des jours.

Ce mois de septembre, c'était Lyon, donc. Donc Lyon, c'était le retour au bercail, ce petit appartement de la rue Édouard Herriot, si calme dans ses hauteurs qu'il en paraissait détaché de la ville. Seulement des cloches qui, d'heure en heure, battait la mesure, fenêtres ouvertes, sur cet été qui allait bien finir. On a dépaqueté, une main un peu émue, ces cadeaux venus de loin : des vêtements de soie bariolée, des objets oblongs pour tapoter un dos douloureux, ces menues choses achetées sans trop savoir pourquoi, et qui, bien plus tard, prennent un court instant une importance hors de propos. Mais c'est cela, le retour : on éparpille autour de soi tout en s'enracinant dans le quotidien. Ca laisse un goût étrange, comme une saveur lointaine et familière, que l'on se surprend à déguster sans le laisser paraître.

De la ville je retrouve ces façades tirées au cordeau, ces immeubles centenaires en rang d'oignons, ces rues trop tranquilles passé neuf heures du soir. L'humanité ici se cache bien derrière toutes sortes de cloisons. Et si cela étonne, c'est un bonheur fugace : on est encore curieux, l'oeil encore un peu neuf, et il faut en profiter. Les promenades sans but sont une merveilleuse occupation, avant de replonger dans ce qui éteint le regard : les aller-retours routiniers de la-ou-l'on-dort à la-ou-l'on-travaille, ces déplacements sans objet qui ruinent l'appétit des sens.

Ouste, ouste, sortons encore ! Il fait encore beau dehors.


Plusieurs semaines ont passé. Yen me taraude : elle souhaite profiter à tout prix de ses quelques jours de congé pour assouvir sa soif de découvertes. Ou aller ? On écrit de courtes missives aux amis des quatre coins de nos carnets respectifs. Ca ne répond pas beaucoup, et c'est bien normal : c'est la période de rentrée, et à quoi bon répondre à des appels au voyage ? Ce silence, loin de nous décourager, nous galvanise : n'importe où, alors, puisque personne ne nous attend nulle part. C'est d'Italie dont rêve Yen. Ou d'Espagne. Enfin, d'un peu de cette méditerranée où l'on cause haut et fort. On fait des plans, on note, on tergiverse. Mais c'est un misérable papelard qui vient tout foutre en l'air. La carte de séjour de Yen arrive bientôt à expiration, et nous ne pouvons prendre le risque de traverser les frontières. Qu'à cela ne tienne : il paraît que la France est un beau pays. Allons nous en assurer, en optant pour quelques monuments illustres.

D'abord, bien sûr, c'est à Paris que tout commence. La fin de septembre est bien douce, et nous profitons de l'escale pour entrer sous les voûtes du Grand Palais qui viennent, après une quinzaine d'années de travaux, de se faire resserrer les boulons : l'endroit est immense, et, malgré l'affluence des curieux, bien vide. C'est, j'imagine, le but recherché : prenez une grande galerie, un hall, un stade, entassez tout ce que vous trouvez de quidams en tout genre, et levez les yeux. Un grand volume, un espace vierge, de quoi vous rapetisser assez pour vous en faire oublier la foule. On quitte cette grande carcasse un peu sur notre faim : tout ce métal et ce verre, oui, mais Paris en est plein. Allons plutôt du côté de la Loire. On y trouvera, au fil de l'eau, du minéral. Pierres taillées et toits de tuile. Du tangible, pour du monumental, ça vous pose une tour, un château, une église. Et, de ce côté-là, la France du Val de Loire a beaucoup à offrir.

On s'endort à Maison-Laffitte au bourdonnement du RER, en rêvant à ces lendemains champêtres. C'est sûr, il y aura davantage d'ébahissements.

A la gare Montparnasse, on se faufile dans un parking souterrain pour en ressortir carrossé. C'est une petite voiture bleue, toute proprette, qui nous conduira vers Orléans. On a fait provision de biscuits et d'eau, on a même fait l'achat d'un de ces guides Michelins bardé d'étoiles. Celui-là nous enjoint à quitter, dés la sortie d'Orléans, l'autoroute pour des sentiers plus étroits. On obtempère de sitôt, à l'affût du moindre panonceau nous indiquant la route de Chambord.

Le château de Chambord, voilà une manière bien peu modeste de débuter notre périple : on y arrive à travers une forêt domaniale qu'une chasse à courre aurait beau jeu de parcourir. Puis, par une trouée dans le feuillage, on devine une construction toute blanche aux confins d'une prairie qu'un Apache ne désavouerait pas. Il faut encore rouler – au pas – pour s'approcher des bâtiments. Là, une auberge de charme au bord d'un canal, quelques saules pour faire bonne mesure, un relais pour le voyageur gastronomique que les pierres affament. Nous voici à pied d'oeuvre. Une marche d'approche, des clochers en surplomb, de vastes tour rondes à contourner, bref, une expédition pour franchir un seuil démultiplié : c'est au fond de la courette d'honneur, par-delà les écuries, que l'on pénètre enfin dans le corps du château et que se dresse, priapique, la colonne centrale des escaliers en double-hélices, qui ont fait la gloire des architectes royaux à qui De Vinci murmurait bien des choses.

D'étage en étage, on constate tout de même que Chambord est une coquille bien vide ; seuls quelques pièces sont tendues d'étoffes que – j'imagine – d'innombrables tapissières ont cousus à la lueur de chandelles de mauvais suif. Et puis, de temps à autres, une chambre royale – un lit à baldaquin plus haut que long, une balustrade ouvragée et rehaussée d'or, un lutrin, quelques sièges presque curules – dont l'antichambre, aux murs couverts de trophées de chasse, rappelle l'étrangeté de ces anciens régimes.



On parcourt d'un pas tranquille les ailes, puis les toits. Là, c'est un fameux spectacle, et le vent et les nuages y sont probablement pour quelque chose.
Mais il y a du Taj Mahal dans cette dentelle de clochetons, un côté mille-et-une-nuit blésois dont l'exotisme surprend beaucoup.

Sur la vaste pelouse en face de l'édifice, des transat en quadrilles où l'on se plie à regarder encore cette imposante maison royale où le monarque, d'ailleurs, ne venait pas souvent coucher.

Au sortir de ce domaine, on bifurque sur de petites routes sinueuses et bordées de fermes, de hameaux, d'églises, et, bien sûr, de ces petits châteaux posés ça et là au détour des futaies. Celui-là s'appelle Villesavin, c'est une bicoque par rapport au reste des châteaux fameux d'alentour. Un bâtiment principal encadre une cour dont la vasque centrale, une Venus vétuste et sa conque, a bien vu l'eau couler. Une demoiselle en gros pull qui faisait office de garde-barrière, de préposé au guichet, et de guide, nous invita à en apprendre plus sur cette drôle de demeure, à la toiture mi-branlante mi-pimpante.


Les châtelains, qui l'achetèrent quelques dizaines d'années auparavant, se pliaient de bonne grâce à cette vie soumise à la restauration d'un patrimoine menacé. Ils habitaient dans l'aile est, laissant tout le reste du bâti à la visite des quelques touristes flâneurs qui s'aventuraient jusque là. Alors on y eut droit, à cette visite, que notre guide prit à bras le corps. Remontant ses manches, elle nous fit parcourir cet étrange intérieur, à la cuisine carrelée, un peu pentue, à la cheminée noire, large et haute, traversée du tournebroche émoussé, à la salle à manger dont la table, inamovible, était du bon travail de Menuisier Royal, aux deux salons, tendus de toiles bleu passé, aux coins amollies, aux meubles d'un Louis dix et quelque, que les habitants du lieu, subrepticement, venaient occuper, la nuit tombée, pour quelque souper fin. Plein de ces petits secrets d'une vieille baraque : des bouches de chauffage dissimulées dans les plinthes, des passe-plats insoupçonnables planqués derrière un tableau, des oeils-de-boeuf et des marches grinçantes. On sortit de là la tête pleine de ces commentaires historico-pratiques, et nous allâmes nous rincer les yeux sur la collection « unique au monde » des globes de mariage que la châtelaine avait pompeusement baptisée « Musée des costumes de mariage » car on y voyait, figés dans des poses surannées, des mannequins de cire en pleine activité maritale.

On dit adieu à notre guide qui nous ouvrit le passage, un oeil sur sa guérite. Ce petit château, cabane de chantier pendant la construction de Chambord, nous fut une étape un peu mélancolique, et nous embrayâmes l'âme un peu empesantie par ces murs lézardés.

Cheverny, c'est d'une autre allure. C'est lourd et confit, posé bien à plat devant son allée de gravier. On ne peut s'empêcher d'évoquer Haddock et de surprendre Nestor nous attendant, un plateau sous le bras, pour le rhum d'usage. Point trop n'en faut. C'est un château bourgeois, tout tapissé, tout meublé, tout décoré d'aise. On ne dépasse pas les cordons de la visite, on suit la file des visiteurs, on prend quelques timides photos d'un bouquet de fleur sur une table bien mise. La lumière est laiteuse, c'est une fin d'après-midi d'albâtre. On doit encore se rendre à Blois pour y dormir, et nous ne tardons pas trop à esquiver les frères Loiseau.


Blois, le soir, c'est un peu déroutant. Nous n'avons qu'une vague idée de l'emplacement de l'auberge de jeunesse. On tourne sur nous-mêmes plusieurs fois. On appelle au téléphone. On nous dit de sortir de la ville et de suivre la Loire. L'auberge est une maison monacale, perchée sur l'une des berges, sous la férule d'une matrone qui nous considère gravement. On dormira séparément dans des dortoirs de colonie de vacances. Il y a là un Allemand volubile et un Mexicain fatigué. Deux touristes chinoises babillent plus loin, et Yen s'installe dans un des lits près de la porte. On dormira du sommeil du juste, pas le choix.

Blois, le matin, c'est assez engageant. Voilà un château un peu noyé, bâti sur la longueur, au gré des dynasties et des humeurs du temps. Le regard peut embrasser quatre siècles d'architecture d'apparat, et il en prend pour son argent. On peut fouiller – le regard a aussi sa cupidité – et s'absorber de longues minutes dans une contemplation pas tranquille. Puis, un peu hagard, on s'introduit dans l'une des ailes, un peu au hasard, pour voir l'envers du décor. Le duc de Guise, assassiné dans ces murs, est l'une des figures les plus célébrées ; et l'on médite fort à propos sur ces châteaux intrigants où l'on conspirait sous les fraises, l'épée au côté, pour des lendemains incertains.

On déambule un peu dans cette cite cossue, histoire de pénétrer dans une cathédrale bien vide, jouxtée d'un jardin en terrasse d'où l'on peut contempler les toits des demeures blésoises – de sombres pentes d'ardoises – et la Loire en contrebas, qu'un pont vient enjamber en de solides arches. Il y a aussi, derrière un monumental couvent aux fenêtres fermées, une église Saint Nicolas dont les tours clochetées évoquent Prague et ses clochers pointus. Là encore, des encensoirs mais point de gens. On parcourt les travées le nez en l'air, comme pour mieux défier la pesanteur du lieu. Et puis l'on repart sans cérémonie, parce que nos journées se doivent d'être visiteuses, et que des châteaux, il y en a à la pelle, et qu'on ne voudrait tout de même pas s'en priver.

Plus loin, c'est Amboise. C'est lourd et aérien à la fois ; la citadelle est moyenâgeuse, guerrière dans ses remparts, et elle a d'ailleurs brûlé quelquefois. Au-dessus, c'est le château, posé là, avec bien sûr, isolée du reste, la chapelle où repose De Vinci, qu'on devine assez content d'être là. C'est encore faste et tendu de belles tapisseries. Il y a des trônes aussi, car on y célébrait parfois de majestueux Etats-généraux, dans ces salles aux arches d'albâtre. Mais ce qui surprend le plus, ce sont ces solides tours rondes, dont la rampe en colimaçons préfigure les plus périlleux de nos parkings modernes. Et dire qu'on s'y engouffrait en carrosse !


De Chenonceau je ne pourrai être très disert : c'est le Cher, la galerie, les jardins. La cuisine aussi, et toutes ces casseroles de cuivre qu'un marmiton en aurait le tournis. Chenonceau, c'est un rêve de femme renaissante. Et cela inspire. On y retournera peut être tantôt, plus vieux, pour y respirer encore cette quiétude princière.

On dîne et dort à Tour.



On se lève de bonne heure. On collationne sous une véranda où causent des VRP à la clope matinale. Ils partent vite et on en fait autant. Il paraît que le temps est au beau. Et nous avons des parterres de fleurs à venir contempler : Villandry et ses jardins, ou je laisse à la photo le soin de peindre ce décor.



La suite ? Nous y sommes. Azay-le-rideau et les nénuphars. Le soleil tape. On se sent un peu abruti, et notre oeil se fait paresseux. C'est qu'on en a vu, des plafonds à caissons, des loggias, des fenêtres à chenaux, des tapisseries mythologico-franchouillardes. A ce point-la, il faut être un peu somnambule, errer parmi les salons, se laisser bercer par les capitons d'un mobilier bien massif.

On avale un steak-frite pour se rassénérer. Ces valeurs culinaires-là rappellent à l'ordre le voyageur engourdi, que les pommes et terre et la viande de boeuf ragaillardissent.

Enfin, nous arrivons à Ussé, château que ses propriétaires tiennent à belle-au-bois-dormantiser. Oh, il a de l'allure, avec ses tours rondes et son chemin de ronde. Il s'élève haut dans le ciel et se répand à flanc de colline. Il y a là d'autres mannequins à qui l'on a dit de raconter les principaux épisodes du conte de Perrault. Ils en sont tout figés de conviction, roi, reine, sorcière, princesse et prince charmant. C'en est un peu trop. Nous les laissons à leur destin, et parcourons les autres dépendances. Puis, rassasiés, nous prenons la route du retour : on voudrait bien passer par Vendôme et Chartres, pour d'autres pierres historiques, mais l'itinéraire en décide autrement ; il nous perd le long du Loir, et nous voyons, penauds, le crépuscule tomber. Alors, déterminés, nous rattrapons cette autoroute orléanaise ou nous payons l'octroi, pour retourner à Paris. On nous y attend du côté des Gobelins, où ce sera fête. Le lendemain on attaquera Versailles, comme pour assommer nos sens déjà bien brouillés.


Quelques jours plus tard, rendus à Lyon pour y passer de calmes journées, je vois Yen tout occupée à son départ prochain. C'est qu'octobre sera nîmois ou ne sera pas, et nous avons un déménagement de plus sur les bras. Alors, cartons après cartons, nous empaquetons à qui mieux mieux. Yen gagne le trophée de la plus grosse valise, mais j'ai la malle la plus lourde. Nous sommes quitte.

Et nous voyons octobre poindre, le pas sur le palier.


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mercredi 31 août 2005

Lyon, donc.

Du retour en France, de ce retour en tranches de globe parcourues contre la montre, je garde de belles images, de ces instants volés à un mauvais sommeil, un peu voilés par de si lourdes paupières. C’est d’abord une fuite de la capitale chinoise, encore embrumée aux abords de l’aube, encore si faussement calme aux matines du jour. D’une navette qui se conduit d’elle même à l’aéoroport, où m’attendent ces cohortes de guides si zélés que cela me tire un instant de mes premières torpeurs (c’est aussi, pour avoir à le préciser, que je n’ai pas encore dormi, depuis bientôt une trentaine d’heures). Mon mandarin s’étant considérablement rodé à ce type d’accueil, je me faufile entre les guichets, je glisse mes meilleurs raccourcis de faux sinologue, et je me retrouve bien vite à embarquer. Je me fais alors grâce du décollage, pour ne me réveiller que quelques heures plus tard, lorsque d’une voix scandisuave on nous annonce une descente dans les pluies de Finlande.
Brève escale à Helsinki-Vantaa, aérodrôme des forêts sans limites, propre comme un sou neuf, où l’on ne fume ni ne boit que par parcimonie dans ce décor épuré. J’y regarde un ciel bien lourd : une palette de gris bien plus riche que tous les ciels laiteux des grandes métropoles chinoises. J’y renifle un air plus polaire aussi, plus léger et incommensurablement plus sec. Je regarde ces familles de quatre têtes blondes. J’embarque encore, de manière plus furtive. Là, c’est un aéronef de taille plus réduite, au fuselage plus oblong. Il perce ces couches de nuages pour retrouver le bleu. Et ce bleu ne nous quittera plus, il tombera de trente mille pied jusqu’à terre, pour nous laisser contempler les terres brunes du Danemark, de l’Allemagne et de la France. On s’imaginerai presque voir la courbe de la planète. On nous apprend une belle arrivée dans l’azur parisien ; et, foi d’aiguilleur occasionnel de nombreux cieux orientaux, je n’ai jamais vu la capitale de cette hauteur là, avec autant d’acuité. C’est à peine si l’on pouvait lire les plaques de ses larges avenues.
Puis le sol a forcé l’appareil à se poser ; l’invite du bitume et le débarquement ; une douane inexistante ; un RER bien vide ; des couloirs de métro aux écailles bien connues ; une Gare de Lyon où ne se pressent que quelques bagages épars, quand la nuit est tombée ; un TGV aux passagers dispersés et somnolents ; Perrache, enfin, à minuit sonnante, où l’on court sur le quai pour embrasser Yen, Yen qui est là pour m’embrasser aussi. On rentre à pied d’un pas léger pour se conter nos aventures. Et l’on dort bien peu parce qu’on en a de ces mots que les regards enveloppent. Lyon, donc. Lyon, donc, où l’on séjournera pour un mois de septembre bien chargé...

lundi 29 août 2005

La barbe !

D'une face à l'autre, d'un soir au matin.




dimanche 28 août 2005

Thé au beurre

Prenez un Yak.


Faites-en du beurre.


Faites bouillir de l’eau. Ebouillantez la théière.

Prenez une mesure de thé noir, versez l’eau et le beurre.

Attendez la fonte et buvez chaud.


Contemplez les plateaux du Tibet si proche...