vendredi 19 mai 2006

Veni, vici, desagatti

Lorsqu'un oncle, aussi bienveillant soit-il, vous invite dans la vigne, comment ne pas accepter ?
On se rend donc de bon matin dans ces parcelles de jeunes ceps, prêt à en découdre avec ces sagattes virulentes. Un pied après l'autre, on se courbe. Puis, le dos plein, on s'agenouille. Puis, les jambes gourdes, on s'absente. On se donne un peu de champs : mettons que quinze piquets suffisent, puis on repose ce corps ankylosé.
Eugénie, par-delà quelques collines, fait la même chose que moi au Pey Blanc. Le soir venu, elle me confie sa technique. Elle présuppose une grande capacité d'abstraction, afin de démettre tête et mains. S'ensuit une faille spacio-temporelle qui absorbe l'esprit, tout en laissant au buste le soin de tailler ceps après ceps.
J'avoue, l'abstraction n'est point pour moi.
Je préfère évoquer telle ou telle mélodie qui trotte dans un coin de mon cerveau, le temps d'un sillon ou deux. 33, si le coeur m'en dit, ou 45, lorsque l'air est guilleret.
Vignes et microsillons, en un ballet lent et régulier qui finit par clore une simple journée de labeur.

Demain, on attaque la Syrah.

mardi 16 mai 2006

In vino Defendi


Travail de vigne. Travail noble. Non ?
Qu'on en juge, les médiévaux déjà y enluminaient de belles pages...

samedi 6 mai 2006

Natchwey

Vu, à la suite d'une suggestion de Bruno, dans un café par-delà le boulevard de Belleville, ce documentaire plein de poigne, de fureur larvée, de tristesse et de révolte, qui retrace le quotidien de James Natchwey, photographe de guerre en paix avec lui-même.
Des interrogations subsistent, mais elles sont évoquées : voir la guerre pour en retirer l'humanité dans un cliché, ou comment aller au-delà de la vampirisation que ce métier implique.
Natchwey est une gueule. C'est aussi un individu éloquent, économe de ses phrases, qui tente de formuler au mieux ce qu'il traduit par ses images.

War Photographer, documentaire de Christian Frei (2001)