Sur la coursive , oui, celle-là, celle qui mene à ta chambre, à la chambre où tu te reposes de tant d'avanies, je ne peux m'empecher de regarder le parc qui s'étend en contrebas, ce parc presque toujours vide à l'heure où je viens te voir, avec ces bancs de pierres bien alignés, et ces allées tirées au cordeau, et ces arbres centenaires dont la frondaison vient heureusement atténuer l'ardeur du soleil. Et, c'est étrange, je te l'avoue, chaque fois que je vois ces bancs, j'ai envie d'y trouver quelqu'un, je ne sais pas, un homme peut-être, enfin, une personne qui remarquerait mon passage et qui me ferait signe. A qui je ferais signe aussi, du haut de cet étage, comme pour lui dire que je n'en aurais pas pour très longtemps, que je viens juste voir un ami qui se rétablit et qu'ensuite je descends, et que nous pourrions entamer une conversation tout à fait futile, là, sur l'un de ces bancs, et que j'y serais bien, quelques minutes, à profiter du soleil et de l'ombre des arbres, et des mots sans conséquences d'un étranger à qui je pourrais dire n'importe quoi. Et là, sur cette coursive, je compte les pas et je me rends à ton chevet, en attendant, certainement, que ce soit ton tour de t'asseoir sur un banc, quel qu'il soit.