
«
Pourquoi je suis assise sur le parapet ?... j’y suis assise depuis l’aube, vous savez. Et comme l’aube, chez nous, c’est toujours au même moment, je suis là tous les jours au même moment, quand le soleil se lève.
(Un temps) Quand il se lève, il n’y a pas autant de bateaux, je peux vous dire. Mais ils finissent toujours par revenir et mouiller là.
(Un temps) Celui que j’attends, moi, il est pas trop loin du bord.
(Un temps, long) Mais il n’arrive pas toujours au même moment que les autres. Je sais pas, il a un rythme à lui. Et quand il est là, finalement, moi, je me lève, et je vais voir ce qu’il a rapporté. Je me lève du parapet, je descends sur la grève, et je lui fais signe, et toujours il me répond, et puis on remplit la plage de paniers, et lui il va se reposer, un peu plus haut, pas aussi haut que moi, mais presque, là où on dort d’habitude, et la plage est toujours remplie, et la journée se passe comme ça, sur la plage, ou plus haut, ou plus au large. Et tout ce temps, le parapet, personne n’est assis dessus, je peux vous dire.»