dimanche 21 février 2010

Instant portrait

Pour cela, il faut une banquette de bois posée devant la maison, une canette de Root Beer préalablement ouverte, et une voisine espiègle et facétieuse. Laissez agir quelques temps, puis, muni d'un doigt et d'un déclencheur, saisissez le moment qui convient.

vendredi 19 février 2010

La closerie

Mettez m'en tout autour de la maison, que je me sente chez moi, sitôt franchi le portail.
Je veux une demeure enceinte, et inviolable.
Et je suis prêt à monter aussi haut qu'il faudra, m'entendez-vous ?

mardi 16 février 2010

Prises de Tet #9

«Et que verrions-nous, si l'on n'avait pas abattu ces murs ? Nous en serions réduits à la promiscuité obscure d'une arrière-salle abandonnée. Mais là, nenni ! Là, c'est la clarté du jour qui vient jusqu'à notre table ! C'est le regard des passants qui nous interpellent ! Et c'est nous qui interpellons en retour, pour une chopine de bière à partager entre voisins ! Alors, de ces gravas qui s'amoncellent, je dirais qu'il en faut davantage, et que ces murs encore droits, ces cloisons oppressantes, il faut les mettre à bas ! »

samedi 13 février 2010

Prises de Tet #8

C'est dans l'antichambre, à l'heure crépusculaire où passent les hôtes. On y prend le thé, en causant d'indolence, pour célébrer le temps passé à attendre celui qui vient.

mercredi 10 février 2010

Prises de Tet #7

Ces deux-là, pas bien grands,
En suspens, donnent le la :
La fête, bientôt, la fête,
Et l'année nouvelle, et l'année finie,
Et le tigre qui rugit.

dimanche 7 février 2010

Prises de Tet #6

«Oh, si je suis assise là, c'est parce j'y suis boulonnée. Enracinée, même. Je suis la conscience du quartier, la commère et la Pythie, la vigie et la mémoire. J'embrasse mon coin de monde, que je connais mieux que personne. On ne vient pas de loin pour me consulter, non, mais de tout près, des maisons en face, à côté, là et là, et là-bas peut-être aussi. Plus loin, je n'en suis pas sure. En tout cas, personne ne m'en a parlé. Alors, moi, sans qu'on vienne me dire ce qu'il y a ailleurs, je sais que je ne peux rien en dire... Il doit y en avoir une comme moi, c'est sûr, assise comme moi, les jambes plantées en terre, et qui regarde son coin et qui le connaît comme sa poche, et qui écoute et qui donne ses conseils. J'imagine même qu'elle a entendu parler de moi... »

vendredi 5 février 2010

Hangover

Eh quoi ? N'a-t-on pas le droit, comme cela, d'exprimer en trois temps le récit de Damoclès ? Et, pour bien traduire le propos, d'insister sur le fait que les cintres sont des prédateurs dont il faut se méfier.

mardi 2 février 2010

Au cap !

Juste cette écume si blanche sur cette onde si noire.
Le bateau oblong file vers la mer, là-bas, à quelques encablures.
Un trait d'albâtre qui s'efface sitôt les eaux calmées.