mercredi 25 août 2021

Saigon Nobody#2 (almost)

Le précieux sauf-conduit.

Tout repose sur ce bout de papier, dûment signé et tamponné, qui permet de franchir les barrages routiers qui se dressent à chaque carrefour. On peut alors traverser la ville de part en part, pour se rendre au travail, ou alors, comme c’est le cas aujourd’hui, à l’hôpital où ont été délivrées, au compte-goutte, les premières doses d’un vaccin tant espéré. 

vendredi 6 août 2021

Non, décidément, non

Chaque matin est redouté. 

Chaque fois est redoutable.

Ils arrivent en combinaisons bleues, s'installent dans la cour et, une fois les formalités remplies, nous appellent un à un pour le curetage.

Un mauvais moment à passer.

Jusqu'à la prochaine fois, dans pas longtemps...

lundi 2 août 2021

Hangarde à soi

Puisque l’usine tient lieu de résidence autant que de travail, et qu’on y est assigné pour les semaines qui viennent, autant y faire campement le plus confortablement possible. Il y a la pléthore de cartons d’emballages, de polystyrène expansé, de palettes et de ventilateurs… 

Certes, ce n’est pas la panacée, et le menu n’est que déclinaison de nouilles instantanées, mais c’est tout de même plus agréable de disposer d’une cour et d’un hangar pour se dégourdir les jambes et pousser la chansonnette, plutôt que de se cogner aux murs d’une maisonnette engoncée dans un hẻm ceinturé de fils de fer barbelés. 

samedi 31 juillet 2021

Saigon Nobody#1

On peut encore braver l’interdit, et rouler sans encombre dans les rues désolées du centre-ville. Il faut juste montrer patte blanche, sortir masqué, ganté, casqué, prétexter une course urgente et faire mine de savoir où l’on va. En faisant attention, on peut ainsi capturer en catimini quelques images de ce paysage urbain déserté, sous les feux d’un soleil impavide. 

dimanche 13 juin 2021

Les prémisses de l'orage

Depuis plus d’un an, le pays est sous cloche. Séclusion volontaire et consentie, au regard d’un monde en proie à des vagues épidémiques de plus en plus virulentes, à mesure que s’égrènent les lettres de l’alphabet grec. En vase clos, Saigon vit au ralenti, et son centre dépeuplé fait l’inventaire de ses commerces qui mettent, les uns après les autres, la clef sous la porte. Etranges saisons où tout semble être suspendu, statique, incertain. Même l’avenue Lê Duẩn, d’habitude toujours remplie d’un trafic incessant, ne voit plus que l’ombre des nuages sur son bitume déserté.

dimanche 6 juin 2021

Cyberchurch

Cela fait déjà plusieurs années que la Cathédrale est carapaçonnée de la sorte. Il faut dire qu’elle en avait bien besoin, d’un ripolinage en profondeur, de la crypte au clocher, après un siècle de bons et loyaux services. Ainsi donc, parée de ce mécano géant, elle n’offre au regard que ces herses de fer, cisaillées d’escaliers. N’en déplaise à Sainte Marie qui lui tourne le dos, toute à ses prières adressées aux nuées, ce monument attend patiemment l’heure du déshabillage, pour exhiber de nouveau briques et pierres de tailles aux couleurs d’antan, lorsqu’elle était la seule à dominer de ses flèches toute la ville alentour. 

samedi 22 mai 2021

Pictures at an exhibition

"Prancing Patterns", une expo photo partagée avec l'incroyablement talentueuse Hagan, dont les travaux de collages photo constituent le parfait contrepoint des mosaïques du projet 100's...

Rendez-vous à NoirFoto Gallery, jusqu'à la fin du mois de Mai !

jeudi 29 avril 2021

Concord Diamonds

C'est un mystère désormais résolu : oui, ce double losange tracé sur les vantaux, les portails et les murs d'enceinte a bien une signification. 

C'est la simplification d'un signe très ancien, issu du Tao, que l'on retrouve partout en Asie de l'Est. Un entrelac de traits imbriqués les uns dans les autres. 

La marque de la concorde et de l'harmonie.  

samedi 17 avril 2021

Modernism vocab - in wrought iron

 
Portails et grilles, barreaux et montants.

samedi 3 avril 2021

Modernism vocab - in concrete

 

Brise-soleils, de briques et de plâtres.

dimanche 21 mars 2021

L'espace d'un instant

Tout, dans cette pièce adjacente au sanctuaire de Quan Vũ, au plein cœur de Chợ Lớn, nous renvoie aux « Club Houses » des maisons communales que l’on trouve dans toutes les villes côtières du sud de la Chine. De ces murs jaunis d’encens et de fumées de pipe, au mobilier d’acajou incrusté d’ivoire, aux dossiers droits et à l’assise incommode ; de ces horloges au cliquetis régulier qui égrènent ces minutes immobiles, sous le regard patiné de photos de patriarches ; de ces sols carrelés de motifs symétriques, étoiles et pétales, frises de triangles et de lignes brisées ; de ces ventilateurs phtisiques qui brassent la moiteur locale. Le décor est immuable, alangui, éternel, propice à l’amorce d’intrigues mystérieuses et alambiquées. On s’y arrête ainsi pour y goûter une tranche d'intemporalité.

jeudi 11 mars 2021

Elles ont des chapeaux ronds


Point de mire,
Mise au point.

Perspectives,
Mine de rien.

Lignes de fuite,
Carton plein.

vendredi 12 février 2021

Prises de Têt #29

À la quinzième tournée, ça commence à taper dur !

Prises de Têt #28

 Le verre est plein.
On se marre bien.
Bref...

vendredi 8 janvier 2021

Deutsches Haus - Gerade Linien

C'est une addition de lignes claires sur la perspective dessinée par l'avenue Lê Duẩn. 

C'est germanique, géométrique, méthodique. 

La lumière semble donner raison à ce jeu d'architecture aux proportions bien arrangées. Dont acte.

samedi 2 janvier 2021

En tout et pour tout

Il ne faut certes pas être grand clerc pour se figurer qu’un tel panorama attirerait les curieux. Pensez donc : un mamelon rocheux de quatre-vingts mètres d’altitude, qui domine le plat pays a des lieues alentour, au pied duquel coule ce fleuve sinueux dont on n’a pas encore, à cette lointaine époque de conquêtes et d’invasions, donné un nom.

Le premier qui en fit un usage moins prosaïque que de s’en servir comme tour de guet a pour nom Khanh Long. Maître Zen de son état, il voit cette étrange formation recouverte de végétation, au sommet de laquelle il trouve un replat de granite, sur lequel il érige une hutte qui lui servira de lieu de méditation. Ses mantras se propagent aux quatre vents, et, bientôt, la hutte devient cabane, puis petit temple. Arrivent d’autres moines tout aussi versés dans la varappe et les psalmodies perpétuelles pour qu’un jour de 1681 on bénisse enfin l’endroit comme il se doit. C’est une sacrée affaire, voyez-vous : car c’est par édit impérial que cette pagode devient la première à être établie comme lieu de culte officiel dans cette partie du pays, pavant la voie du courant religieux Mahāyāna vers les terres fertiles du Mékong. On ne s’arrête pas en si bon chemin : on y façonne figurines, statues, stupas, et le lieu arbore petit à petit toute une panoplie de divinités bouddhistes et taoïstes, qui sourient de leur bonne fortune sous le ciel tropical.

Quelques siècles plus tard, la pagode Châu Thới est méconnaissable. Elle repose désormais sur de solides fondations de parpaings qui grignotent peu à peu le sommet. Un escalier de pierres moussues et inégales grimpe depuis la route qui encercle l’éminence, encombré de camelots, de pèlerins, de promeneurs, pour aboutir sur une large plateforme ou s’imbriquent cours et coursives, salles de prières et de repos, réfectoire, cuisines et lieux d’aisances. C’est un autre cachet, bien sûr, mais il témoigne de l’attrait de l’endroit. On y vient de loin pour contempler la vue, et faire offrande aux autels et sculptures colossales des Boddhisattva.

Et discerner, toujours, sous le bruissement des feuillages, la ritournelle imperturbable, immuable, de ces quelques syllabes…

Úm ma ni bát ni hồng
Úm ma ni bát ni hồng
Úm ma ni bát ni hồng