Il y a dans cette excursion tant de spontanéité - si difficile à saisir - qu'il convient de commencer par le menu. D'un rendez-vous assez tardif dans l'après-midi, pour quitter la ville par le nord, en suivant la route de Binh Duong, pour se rendre chez la mère de Chi O.. De ce départ ne restent que les vapeurs lourdes des fiouls de camions et de bus, noyés dans la masse d'un embouteillage sempiternel dans ces rues saigonaises minées de trous béants.

Et puis, plus loin, la route qui s'étend, qui fait se rapetisser les bâtiments de chaque côté, jusqu'à les faire presque disparaître, comme cela, au détour d'un ou deux carrefours.
Et puis, la maison enfin, la maison et la mère, toute occupée à vendre les bananes, et le jardin, et les enfants du voisinage qui pépient plus fort qu'une volière.
C'est de cette rapidité-la, ce changement subit du paysage, et de la tranquillité avec laquelle on s'en va cueillir deux ou trois Mang Cau Na.

Au seuil de la maison, la mère se mesure à quelques régimes dont il faut bien se débarrasser.
