mardi 25 novembre 2008

De la platitude

Non, non, ce n'est pas de relief dont nous allons parler ici.
Plutôt de cet horizon souvent invisible que l'on cherche au détour des rues, des quais, et que l'on trouve parfois là où on ne l'attend point.
De là, sans doute, le plaisir d'avoir vu un coin d'absolu au hasard du regard.
On poursuit, bien sûr, la balade.

mardi 18 novembre 2008

Mardi gras

Mardi, c'est cuisine chez A. où attendent les bambins pour se salir les mains.
Que va-t-on mélanger aujourd'hui ?
Tarte de pâte ou dur à cuire ?


samedi 15 novembre 2008

Proche du carmel

Tiens, je ne connaissais pas encore cette cour secrète, dont l'entrée est invisible depuis la rue, et où l'on peut à loisir s'asseoir et contempler l'espace et se contenter du silence.
C'est encore un de ces mystères que la ville peut offrir au détour des ruelles.
C'est inépuisable, heureusement.

mardi 11 novembre 2008

Goulûment

Où l'antre s'ouvre alors,
et l'on découvre les trésors
reluisants qui attendent qu'on les saississe.

dimanche 9 novembre 2008

Les poses égarées #4

Je me taisais. Il en était maintenant à bourrer sa pipe. Le jour devenait plus mûr, la lumière plus lourde. Le café était presque désert, avant le coup de midi.
J’avais beau tenter de remettre mes idées en place, je ne parvenais toujours pas à faire des siennes les miennes.
Et puis, après un temps plus ou moins long, je rangeai les planches et les films dans l’enveloppe, que je fis glisser dans mon sac. En me baissant davantage, je sentis l’un des boîtiers d’appareil photo qui traînait dans le fond. Je le pris, fouillai encore, trouvai un objectif, l’ajustai, et me relevai d’un coup.

Je souris maintenant à l’homme qui fumait tranquillement, visai, et appuyai sur le déclencheur.

samedi 8 novembre 2008

Les poses égarées #3

- Ça ne te reviens pas ?
- Comme ça, je ne vois pas, non. C’est étrange. J’étais sûr que j’allais au devant d’une déception en me rendant au labo. Je suis certain d’avoir été la personne qui a appuyé sur le déclencheur, mais je ne parviens à associer mes souvenirs à ces images.
- C’est une chance, grommela-t-il.
- Pardon ?



Il se tut, regarda encore attentivement chacune des feuilles, puis me les rendit.
- Je ne vois pas, non. Voilà des témoignages d’une partie de ma vie, et rien. Si on s’emmerde à faire des photos, c’est bien pour rappeler à soi tout ce dont on se souvient de ces moments-là !
Je m’étais emporté. J’avais l’habitude de m’emporter en face de lui.
- Mais tu en connais peut-être d’autres qui sont semblables à ceux-là, articula-t-il lentement. Ces photos, les photos, ce ne sont que des photos ! Et tu es déjà allé à Florence, et à Sienne, et à Pise, et dans les collines de la Toscane, n’est ce pas ? Tu m’en as déjà conté, des épisodes de tes pérégrinations transalpines. Alors quelques moment de plus, là, offerts tout à coup ? Et là, un repas de famille impromptu où tout le monde semble n’en être qu’à l’apéritif ? Et enfin, une petite amie orientale, cachée parmi les oublis de ta pauvre mémoire ?

vendredi 7 novembre 2008

Les poses égarées #2

- Ça ne me revient pas…
Il sourcilla.
- Quoi donc ? Ce sont bien des photos que tu as prises ?
- J’ai trouvé ces rouleaux de pellicule au fond d’un vieux sac. Un sac de voyage, un truc que je devais utiliser avant, peut-être avant de venir habiter ici. Les pellicules se sont retrouvées ensuite sur la cheminée, ou elles ont dû rester bien plusieurs mois. Deux bibelots de plus dans mon fouillis, que j’avais finis par ne plus apercevoir. Ce n’est qu’il y a deux semaines que je les ai emmenées pour les faire développer. Comme cela, le temps était venu, et voilà.



- Je peux voir ?
Je lui tendis les deux feuilles. Il leva le bras, commanda un café, et se rencogna.
Deux planches : sur la première, une série de paysages, vraisemblablement en Italie. Florence, pour sûr, Sienne, Pise et puis la campagne, un village ou deux, San Giminiano, peut-être. Sur quelques unes des images, une jeune fille asiatique, qui sourit.


La seconde planche représentait une succession d’instants saisis au cours d’un repas – d’un dîné, ai-je pensé en observant les lampes allumées et le vin sur la table.

jeudi 6 novembre 2008

Les poses égarées #1

Je n’avais pas encore eu le temps de décacheter la grosse lettre que je portais sur les genoux. La clochette de la porte du café grelotta plusieurs fois quand il entra. Il portait toujours son long imperméable bleu marine, même en ce matin clair. Il vint s’asseoir à ma table et appela un garçon pour son café, un long café noir qu’il prit sans sucre, en lentes lampées, tandis que je ne pipai mot.

La grosse enveloppe était commune : marron clair, aux rabats bien collés, aux cornes bien droites. On me l’avait remise avec un peu de retard : le labo photo avait été à cours de produits chimiques, et j’avais attendu sans trop y penser, sans trop savoir à quoi m’attendre. Et, comme cela, elle était sur les genoux, encore close, et il buvait son café, absorbé par des ruminations bien à lui.

- Tu ne l’ouvres pas ? finit-il par me demander lorsqu’il posa sa tasse.
- Si, bien sûr, dis-je.
Et je procédai donc, d’un coup de pouce. Je déchirai, et sortis deux pellicules développées et deux planches-contact. On pouvait y voir plusieurs bandes noires et blanches, assez contrastées.