
- Ça ne te reviens pas ?
- Comme ça, je ne vois pas, non. C’est étrange. J’étais sûr que j’allais au devant d’une déception en me rendant au labo. Je suis certain d’avoir été la personne qui a appuyé sur le déclencheur, mais je ne parviens à associer mes souvenirs à ces images.
- C’est une chance, grommela-t-il.
- Pardon ?



Il se tut, regarda encore attentivement chacune des feuilles, puis me les rendit.
- Je ne vois pas, non. Voilà des témoignages d’une partie de ma vie, et rien. Si on s’emmerde à faire des photos, c’est bien pour rappeler à soi tout ce dont on se souvient de ces moments-là !
Je m’étais emporté. J’avais l’habitude de m’emporter en face de lui.
- Mais tu en connais peut-être d’autres qui sont semblables à ceux-là, articula-t-il lentement. Ces photos, les photos, ce ne sont que des photos ! Et tu es déjà allé à Florence, et à Sienne, et à Pise, et dans les collines de la Toscane, n’est ce pas ? Tu m’en as déjà conté, des épisodes de tes pérégrinations transalpines. Alors quelques moment de plus, là, offerts tout à coup ? Et là, un repas de famille impromptu où tout le monde semble n’en être qu’à l’apéritif ? Et enfin, une petite amie orientale, cachée parmi les oublis de ta pauvre mémoire ?