jeudi 6 novembre 2008

Les poses égarées #1

Je n’avais pas encore eu le temps de décacheter la grosse lettre que je portais sur les genoux. La clochette de la porte du café grelotta plusieurs fois quand il entra. Il portait toujours son long imperméable bleu marine, même en ce matin clair. Il vint s’asseoir à ma table et appela un garçon pour son café, un long café noir qu’il prit sans sucre, en lentes lampées, tandis que je ne pipai mot.

La grosse enveloppe était commune : marron clair, aux rabats bien collés, aux cornes bien droites. On me l’avait remise avec un peu de retard : le labo photo avait été à cours de produits chimiques, et j’avais attendu sans trop y penser, sans trop savoir à quoi m’attendre. Et, comme cela, elle était sur les genoux, encore close, et il buvait son café, absorbé par des ruminations bien à lui.

- Tu ne l’ouvres pas ? finit-il par me demander lorsqu’il posa sa tasse.
- Si, bien sûr, dis-je.
Et je procédai donc, d’un coup de pouce. Je déchirai, et sortis deux pellicules développées et deux planches-contact. On pouvait y voir plusieurs bandes noires et blanches, assez contrastées.

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