C'est certainement légitime : si l'on se permet de sortir de son sac un objectif gros comme le bras, que l'on adapte tant bien que mal à son boîtier photographique, et que l'on se poste, à moitié caché, à l'affût d'une bonne image, doit-on pour autant se sentir gêné, coupable d'apercevoir ces scènes fugaces qui ont lieu à quelques lieues de là ? Doit-on se convaincre de ne pas être impliqué, de seulement appuyer sur l'obturateur par le besoin photographique ? De se dire "elle est bonne celle-là", comme l'on ferait d'une plaisanterie ? Point trop de gravité, non, point trop de pesanteur dans le geste. Le sujet n'en saura rien, et quand bien même, qu'il le sache, que je puisse lui montrer le saississement de l'instant figé. Qu'en penserait-il ? Que puis-je défendre ? Tout, là dedans, parce que la photo est là, parce que le moment est éternel, mais circonscrit dans un rectangle numérique. Et que personne n'en est extrait.
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