lundi 21 décembre 2009

Back to Saigon ?

C’est ce claquement sec, je crois, qui nous a transporté quelques dizaines d’années en arrière. Le bruit de la ville s’est tu, et le moteur a rempli de ses toussotements l’habitacle, avant de ronfler d’un air tranquille en attendant le premier rapport. Il y a eu un grincement, et puis la voiture s’est ébrouée, souple et vireuse, avant de se glisser dans le trafic.

L’impression d’avoir fait un bond d’antan est restée là, tenace, alors que nous circulions dans le Saigon d’aujourd’hui, à la recherche de la cité d’autrefois : d’abord sous le porche de la Poste, l’ombre de la Cathédrale, les grilles du Palais de Justice, et puis plus loin, le long de l’Arroyo qui mène sinueusement au Bazar Chinois.

Faisant fi des nids de poule, louvoyant entre les motocyclettes, nous observions, goguenards, la ville coloniale défiler derrière nos vitres relevées. Le capot de la DS, si long qu’il rasait les vieilles façades, ouvrait devant nous ces routes disparues, et nous goûtions ce voyage comme une madeleine un peu trop sèche, qu’il faut ruminer longtemps pour l’avaler. Enfin, la bouche pleine de ces saveurs oubliées, nous avons arrêté le moteur qui, dans un dernier hoquet, nous a ramené d’un coup dans le présent embouteillé de la ville.

Il y a de quoi en savoir plus, et c'est ici que ça se passe.

samedi 12 décembre 2009

Du un au neuf

«Voilà ce qu’il nous faudrait, voyez. Parce que l’on trouve du vieux et du neuf dans le centre, et qu’on voudrait illustrer ça, pour une carte ou une brochure, on ne sait pas encore vraiment, enfin, pour que nos clients pensent que notre ville a beaucoup à offrir, qu’il fait bon y vivre et y travailler, et qu’il peuvent nous faire confiance, parce que notre regard est affûté, toujours, et que si nous sommes sensibles aux vieilles pierres, nous aimons les immeubles de bureaux tout autant, comme eux, quoi, vous voyez ?»

dimanche 6 décembre 2009

L'incend'hier

Du balcon, oui, et la clope au bec. C’est le soir, c’est ma dernière, promis.

J’en profite tout de même pour saisir les lumières de la ville lointaine, alors que le quartier, dessous, s’endort, et que je peux balancer mon mégot sans crainte.

Tiens, mon paquet est vide.

mardi 1 décembre 2009

01/12

«Décembre !», qu’elle crie en se réveillant. Elle a les yeux encore embrumés de sommeil, mais on peut distinguer dans ses pupilles les mille reflets les lueurs du noël prochain. Elle se jette au pied du lit, et, pieds nus, file dehors pour sentir l’air qui, ce mois-ci, doit forcément être un peu plus frais.

L’air est toujours chaud et moite, même en fin d’année. Décembre, sous les tropiques, c’est toujours un peu comme le reste du temps. Nul besoin de s’emmitoufler, de grelotter et de claquer les dents. Nulles respirations nuageuses, nuls nez rouges et oreilles gelées, juste quelques efforts chimiques pour simuler la neige qui ne tombera jamais, et qu’on regrette un peu, quand même.

Décembre, et tout soudain, voila les rues qui scintillent, festonnées, enrubannées, enguirlandées même, par tout ce que les badauds clament comme oh et ah, entre deux coups de klaxon.

Elle, toujours dehors, en pyjama léger, regarde ce premier des derniers jours de l’an. Et si elle est transie, c’est plus par l’impatience de se savoir bientôt gâtée que par l’humidité lourde qui forme çà et là les premières brumes de chaleur.

C’est sûr, décembre, c’est quand même vraiment spécial.