mardi 4 janvier 2011

Ces briques emmurées

Vijaya, 21 mars 1471,

Ma main tremble alors que j’écris ces signes, tant mon cœur est triste et pris d’angoisse. Notre bon roi Pau-Kubah n’est peut-être plus. Notre belle cité n’est maintenant qu’un tas de ruines fumantes et ensanglantées. Seuls quelques cris d’effroi et de douleur percent encore cette nuit écarlate, et je me retrouve seul au milieu des cadavres, dans ce caveau rougi par les feux des derniers combats.

Oh, nous avons lutté. Nous avons cru en cette revanche. Avec courage et opiniâtreté. Mais les cieux n’ont point exaucé nos prières. L’armée du Đại Việt, en surnombre, a finalement réussi à percer nos défenses, et s’est engouffré dans la brèche, taillant, perçant, estropiant, violant, semant panique et désolation dans notre ville condamnée. Ah !, que n’avions-nous sous notre bannière la Déesse Po Nagar, qui d’un regard aurait figé nos assaillants en autant de statues hideuses !

Il n’y a plus de salut à attendre de nos vaillants ancêtres, et mêmes les Dieux anciens ne nous supportent plus. Qu’avons-nous fait pour mériter si cruel sort, nous – fils et filles et Shiva – qui avons vécu tant de siècles dans la paix de ces côtes abondantes ? Je l’ignore assurément, mais je crains notre extinction prochaine, puisque nul sauveur ne viendra nous délivrer des tenailles de Lê Thánh Tông. A moins, peut-être, de remettre notre sort dans les mains de la Devi des océans, et de fuir ces terres désormais hostiles...

1 commentaire:

Marco a dit…

Waaah ! Le diptyque là haut !
[n : venir régulièrement pour ne pas s'en prendre trop plein la face à chaque fois]...
Merci M.Lu !