samedi 11 août 2018

Scrape the sky in your urban city !


« Radical. Et socialiste aussi, ne l’oublions pas. Oui, monsieur, c’est important. Et rappelez-vous, c’était en 1934, une année de mouise, je vous le dis, une année glissante, pour les idées radicales. Les nôtres, bien sûr, mais surtout les leurs, d’idées radicalement radicales. Et donc, là, debout sur l’estrade, sous le soleil de début juin, vous aviez Edouard Herriot, Maire de Lyon, lui aussi, ça tombait bien, un Radical-Socialiste, mais en demi-teinte, vu le pedigree de la clique politique de l'autre côté du Rhône, qui est invité à la tribune pour entériner par un discours un poil lénifiant l’entente entre sa bonne vieille ville confite de bourgeoisie et notre Villeurbanne toujours un peu fauchée, banlieue ouvrière et industrieuse, qui s’affirme ce jour-là dans toute sa superbe, avec son nouvel Hôtel de Ville, son Palais du Travail, oui, oui, hein, fallait pas déconner non plus, on érigeait les Temples qu’on pouvait, et dont on avait besoin pour la Cause, et, tout autour, sa cité modèle toute propre. Un tantinet trop propre, même, mais que voulez-vous. Après le toubib Grandclément comme Maire de la ville, on a eu Goujon, un autre esculape un peu trop focalisé sur l’hygiène, et c’était pas plus mal remarquez, ça a permis de faire un peu le ménage côté vermine. La vraie, hein, pas la métaphorique. Et voilà le boulot, conduit par un disciple de Tony Garnier, Robert Giroux, qui nous édifie tout ça en six ans et demi, voirie comprise. Et ça en jette, croyez-moi. Pas pour rien non plus qu’ils aient baptisé le quartier à l’image d’un bout de New York, parce que pour l’époque, et pour Villeurbanne, c’était Broadway en technicolor ! Radical. Et socialiste aussi, parce qu’on y loge derechef de la famille ouvrière à tour de bras, dans ces appartements trois pièces cuisine. Et ça marche, et on y vit tranquille, et on part le matin en bicyclette pour rejoindre les usines sans souci du lendemain, on sait qu’on a laissé les gosses à l’école publique et que le marché des commérages accueille tous les paniers du quartier pour entretenir la foire aux rumeurs. Bref. Ça roule. C’est ça, et finalement, ce quartier des Gratte-ciels, il n’est plus si radical. Mais il reste socialiste. Oui. Ça, oui. »

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