De ces allées plantées de mûriers et de platanes on a déjà tant dit qu’il serait vain de ressasser ces vieilles lunes. Pour autant, puisqu’elles sont toujours là, toujours échevelées sous mistrals et tramontanes, un peu ravinées par les grosses pluies et les incessantes allées et venues des tracteurs, des remorques et des voitures ; puisqu’elles raccordent le mas et la ferme aux portes du domaine, empruntées tous les jours par des grappes d’enfants, des promeneurs solitaires, des visiteurs du matin et du soir ; puisqu’elles sont les artères campagnardes par lesquelles s’égrènent les récoltes ; pour tout cela il faut encore évoquer le sentiment de plénitude qui saisit celui qui revient après une longue absence, qui emprunte ces routes de terre rousse et de caillasses pour retrouver un parent, un cousin, un frère ; et, le pas tranquille, il lui arrive parfois de s’arrêter un instant, pour goûter la lumière et la caresse du vent, scruter la ligne d’un horizon victorieux, humer les parfums de garrigue et de pins ; il finit toutefois par reprendre sa marche, car on l’attend quelque part, là où la table est mise, le vin déjà versé, le pain déjà rompu.
jeudi 4 août 2022
Pas de deux à quatre pattes
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