Prises de Têt #30

Oui, il faut bien les réveiller, les secouer, les abrutir de gongs et de cris, tous ces esprits pernicieux qui se cachent dans les mille recoins de l’usine. C’est que le Têt est passé, que l’année recommence, qu’il faut faire place nette et table rase. Alors ouste ! Ouste ! Que les lions sautent et rugissent, et que s’envolent spectres et fantômes !

Upper floor

Ceux-là ne me regardent pas. 

Tant mieux. 

Ils ont des binocles et de la ville à bigler.

Il y a une photo à prendre aussi, par une autre lucarne.

Des racines et des vagues

L’îlot est ras. Il apparaît entre deux bleus. De prime abord, on les devine, puis on finit par les distinguer assez bien, avec leurs troncs noués, leurs canopées larges d’un vert profond, ces arbres qui ont poussé là, ces arbres qui n’auraient jamais dû pousser là, au milieu des eaux salées, au large de Phú Quốc. Mais non, on ne rêve pas : il y a là sur le petit banc de sable à peine affleurant quelques feuillus ivres de saumures, douchés sûrement par les intempéries des moussons passagères.

And the winter is...

Il en aura fallu à Phú Quốc des peinturlurations hors de propos pour qu’au Sud de l’île apparaisse ce village en porte à faux, campanile et ruelles pavées, escaliers pittoresques, terrasses ajourées, plages vides et ratissées. Ce petit bout de terre niché à quelques encâblures du Cambodge veut susciter du tourisme des grands nombres et ne prend pas les choses à la légère. On bunkerise à coup d’hôtels starifiés, de resorts exclusifs, de parcs d’attractions bariolés et chahuteurs. On fait fi de la culture locale pour aguicher du visiteur avide de toc et de strass, venu là d’un coup d’aile depuis des contrées moins tropicales. C’est le New Deal des confins du golfe de Thaïlande, la nouvelle donne balnéaire et mercantile. 

Venez, il reste de la place ! 

Une carte de voeux pour 2023