jeudi 2 novembre 2023

南へ向かって

Depuis la municipalité de Ōta, au Sud de Tōkyō, où nous avons élu résidence pour quelques jours, il est facile de descendre sur Kawasaki, puis Yokohama, pour enfin aller voir la mer à Kamakura.
Pour cela, il faut emprunter une vieille ligne ferroviaire, la ligne Yokozuka, mise en service en 1889, et, par-delà les fenêtres du train express, contempler le défilé des installations portuaires qui barricadent les rivages de la baie. Fatras d’usines, d’entrepôts, de réservoirs, de grues, cerclé d’autoroutes sur pilotis, qui laisse place soudain aux collines boisées des faubourgs rupins. Les voies serpentent sous couvert d’arbres luxuriants, de bambouseraies frétillantes sous la brise marine.

On devine les toitures galbées de vieux sanctuaires, tandis qu’apparaissent les premières opulentes villas ; c’est que Kamakura, d’ancienne capitale shogunale il y a mille ans de cela, se mua, sous la restauration de Meiji au XIXe siècle, en bourgade bourgeoise confite de traditions. Pléthore de temples et de mausolées, éparpillés le long des ruisseaux, sur les coteaux et les promontoires, tandis que la petite ville fut prise d’assaut, dès les années 1890, par les premières vagues de touristes baigneurs. Car oui, un vent nouveau soufflait sur le pays, et toutes les institutions voulurent se mettre à la page de la modernité occidentale. C’est au docteur Sensai Nagayo, de retour d’Europe où il étudia médecine et salubrité publique, que l’on doit l’éclosion de la thalassothérapie dans l’archipel, avec bains de mer et de soleil, régime d’algues et de crustacées, dont il loua les bienfaits curatifs. « L’hygiène ! », se contentait-il de répéter à l’envi, alors que se réorganisaient sous sa houlette comités sanitaires, dispensaires et hôpitaux, aux quatre coins du Kantō. C’est ainsi que, de mai à octobre, les plages de Zaimozuka, de Shichirigahama – jusqu’à l’île d’Enoshima –, commencèrent à se peupler de citadins en goguette, venus là pour une trempette salutaire, sous les regards mortifiés d’une haute société privée de ses prérogatives séculaires.


Un bon siècle plus tard, nous y goûtons certes de belles heures de balades, sous les lumières douces d’une après-midi d’automne, mais nous n’avons ni maillot, ni serviette. Une prochaine fois, peut-être ?...

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