lundi 27 juin 2005

Bruin et brun

... Brumes...
Il y a toujours du mystere lorsque la brume s'y met. On se reveille un matin, et on a beau cligner des yeux en tirant les rideaux, on ne voit plus rien de ce qui faisait le paysage de la veille. On cherche alors dans de jeunes souvenirs ou pourrait bien etre passee cette ville qu'on avait sous les yeux, on imagine, ca et la, un immeuble, le trace d'une rue, les arbres d'un parc. On entend bien sur les echos de l'activite urbaine ; ca klaxonne toujours, et plus encore, ca ronfle de ce ronflement de la ville. Au loin, une corne mugit dans l'opacite.
La brume est ici un phenomene chronique et imprevisible : d'un clair matin on se retrouve enveloppe tout a coup quand sonnent les carillons de midi. Cela vient subrepticement, par derriere, la ou valonnent les collines. Une fois la ville disparue, il faut attendre le lendemain pour retrouver la limpidite du ciel.
La brume est en Chine ce que l'azur est a la Lombardie : entendez, ce qui a inspire les peintres et poetes au dela de toute mesure. La ou les peintres du risorgimiento reprenait les classiques pour en extraire les principes de la perspective, les peintres d'Extreme-Orient attendaient de celle-la qu'elle s'estompe dans les vapeurs. Alors l'on pouvait distinguer des esquisses de montagnes, des bouts de toit aceres dans le neant, des eaux qui serpentent et se perdent. Le tout sur un fond uniformement blanc, uniformement plat, comme le sont les rouleaux sur lesquels ils peignaient. De la cet a-plat meticuleusement detaille qui a fait la gloire de la peinture asiatique.

Plus prosaique, une ballade en foret faite le week end dernier, en fin d'apres midi, le long de la cote. C'est que, sitot quitte la ville, on se retrouve vite au milieu de nulle part, surtout lorsque la brume s'y met. C'etait une route cotiere entre collines et falaises, avec de temps en temps le ressac comme respiration : c'est plutot rassurant, on se sent alors moins seul, et l'on sait que, quoiqu'elle fasse, la route menera forcement vers un hameau, un port, une plage, un endroit d'ou l'on pourra rentrer.
Ce fut chose faite apres plusieurs heures de marche, pendant lesquelles j'etais heureux d'etre faussement perdu. De l'aventure a la journee...

3 commentaires:

Dorian a dit…

Cher Brice,

C'est agréable de lire ces chroniques toutes fraîches. On s'y croirait. Concernant la Brume, il se trouve que le personnage du dernier roman d'Umberto Eco (dont le nom m'échappe, roman comme personnage) collectionne les plus belles descriptions de brume. Il cite pour l'exemple celle du nord de l'Italie, justement...

J'espère que tu as reçu mon mail concernant mon Grand Retour. Le hasard est quand même formidable...

Bises,

Dorian

Dorian a dit…

Oui cher Julien, je parlais bien de "La mystérieuse flamme de la reine Loana", Editions Grasset. Le personnage est Yambo. Merci de relever un peu le niveau...
Et d'ailleurs, il ne s'agit pas de brume, mais de brouillard. Décidément, que d'imprécisions... Il est tant que je retourne à la civilisation.

Anonyme a dit…

On y voit plus rien !
D'ailleurs il n'y a plus personne ici. Remontons doucement vers la surface.