vendredi 2 juin 2006

Fermage

La ferme, grosse bâtisse enceinte de sa cour, m'a toujours paru pleine de secrets, de recoins cachés, de trappes et de poussière. Passé le bric-a-brac des engins agricoles, des palettes de sacs éventrés, d'un piano à queue tout déglingué et de quelques tricycles tordus, on entre dans le corps du bâti, dans la fraîcheur humide et sombre où l'on ne s'aventure qu'en tremblotant.



Ces jours-ci, pourtant, bien des individus se pressent pour y faire le ménage. Qui, muni de son balai, qui, de sa brosse, de sa pelle, de râteaux, va et vient, soulevant d'irrespirables nuages blanchâtres, pendant que l'on s'active pour rendre à l'endroit un aspect habité.
Ces jours-ci, donc, voient la ferme changer de visage. Oh, bien sûr, on ne la rendra pas moins mystérieuse aux yeux des enfants. Mais la voilà plus hospitalière, prête à s'ouvrir aux inconnus qui ne tarderont guère.
C'est que cette sarabande de plumes et de balais, c'est bien pour une exposition, sans vernis ni plâtre, de pastels cézaniens, à la gloire d'un conservateur bien absent, dont on est sans nouvelle.
Il passera sans doute, un soir, constater le travail.

Pour l'heure, on frotte encore, on étaye, on improvise.
La fête aura lieu bientôt.


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