mardi 5 septembre 2006

Kuala patauge

« Boueuse confluence », ainsi prénommait-on l’endroit, à la jonction des rivières Gombak et Klang. On savait de l’endroit peu de choses, mais on y trouvait de l’étain. Les Selangor, famille royale alors, en avait eu vent, et dépêchèrent quelques mineurs chinois pour travailler la boue. Effectivement, l’endroit était bourré d’étain. D’autres mineurs arrivèrent, en ordre, puis dispersés, suivis de marchands qui s’empressèrent d’ouvrir boutique. Une ville avait pris forme, au bord de l’eau, dans une jungle équatoriale fervente en fièvres en tout genre.
La tutelle britannique s’assura de la santé de cette nouvelle cité, mi-campement mi-mine, et fit appointer quelque capitaine chinois pour établir l’ordre.


L’un deux, Yap Ah Loy, fit si bien que Kuala Lumpur, de boueuse, devint pelouse. Les Selangor élirent domicile et la police chinoise régnait. Les revenus de l’étain exaspérèrent les uns et les autres, si bien qu’une guerre civile déchira la région. Les Selangor se faisaient justice entre eux, pendant que ça torturait dans les geôles chinoises. Yap tint le coup. Kuala Lumpur devint capitale de Selangor, et il put retourner aux affaires. Chef des réseaux maffieux la nuit et honorable capitaine le jour, il donna licence à bien des établissements, et reconstruisit une ville de baraquements brûlés en bonnes demeures de bonnes briques. Il mourut en laissant au suivant le soin d’étendre le prestige de sa ville, ce que sir Frank Settenham fit, déclarant Kuala Lumpur capitale des Etats Malais Fédérés, en 1896.


Par la suite, et son sort de capitale désormais scellé, la ville allait vivre au rythme de l’Histoire. Occupation japonaise ; déclaration d’indépendance ; développement rapide ; crises financières et politiques ; chantre de l’identité nationale ; témoin de la puissante Pétronas…
Bref, de quoi faire oublier ces racines embourbées.

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