vendredi 10 novembre 2006

Retrospective - Unipage (VI.)


La boîte aux lettres est un objet étrange.
Un matin, alors que la lumière rend ses couleurs au jour, d’abord par le jeu de la clarté, puis par celui de la teinte, on se déplace pour porter un message. Deux solutions : naviguer dans la ville à la recherche d’une boîte jaune postée au coin d’une rue, ou partir déposer la lettre dans une boîte précise, dans la boîte aux lettres.
Enfin, le tout est de marcher, peu importe la destination. Celle-ci se révèle tout de même un peu obscure à cette heure de la matinée, à cette heure où la porte est ouverte. Je me faufile dans l’entrée de l’immeuble, le regard hagard. Gare !, les boîtes ne sont pas loin : je les vois là, à ma droite, comme autant de casiers vides, identiques, neutres.

Lorsque l’on joue à souiller la blancheur d’une feuille de papier, c’est par une décision qui a pris le pas sur le doute : la feuille est blanche, pourquoi donc ne pas la couvrir de signes. D’une feuille comme toutes les autres, la feuille va être confidente, elle va recueillir des signes, et par là acquérir une valeur particulière. Pour celui qui l’écrit, et pour celui – oups...celle – qui lit.
Pourtant, parfois, la valeur d’une lettre demeure en vase clos, car la seule lecture sera celle de celui qui écrit. J’appellerai cela une lettre-confidente. Seule son existence peut trahir le secret qu’elle contient, mais elle n’a qu’une vocation d’archive. Elle se couvre de poussière ; peu de regards se posent dessus. Peut-être même l’oublie-t-on.
Et puis, les autres lettres.
Les autres lettres... ... ...Elles sont objet – toujours feuilles de papier – et sujet à digressions diverses.
Et elles ne sont pas perdues, elles sont transmises.
C’est là qu’intervient la boîte aux lettres.
Objet étrange, disais-je, parce qu’il nie le rapport entre la lettre et celui qui a écrit. Une fois la feuille couverte de signes, une question subsiste : va-t-elle devenir une lettre-confidente ou une lettre transmise ? Difficile de trancher. C’est à la boîte de décider.
Un casier de bois semblable à tous les autres, avec une fente où disparaît le papier. Une fois dedans...tout est fini. La lettre est happée par cette meurtrière sombre.
Heureusement qu’en me penchant un peu, je parviens à distinguer un signe distinctif qui me permet, d’un geste auguste et décidé, de brandir la feuille pour la glisser doucement dans l’ouverture. Oui, je ne me suis pas trompé, elle est maintenant dans une boîte sur laquelle est collée une étiquette. Avec des noms sur l’étiquette. Magnifique : ces noms, je les connais. La lettre n’est pas perdue.



Merde. Je pensais juste écrire un petit mot, et je me suis emporté. Tant pis. Juste un petit mot.




Mot


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ahh le retour des boites aux lettres !!! Mais où est la théiere magique d'Aladin Bryce ?
Nostalgie quand tu t'installes !
william (the berg one)

Anonyme a dit…

Que nous disent les boîtes aux lettres sinon qu'elles attendent pour nous des nouvelles qui ne viennent pas ? A quand les nouvelles estudiantines de Bryce on this blog ?

oÔo william (the berg one)oÔo

PS : notez le message subliminable "oÔo"