mardi 30 décembre 2008

Match non nul

Trafic, passage, aller, retour, de-ci, de-là, partout, et pour toute la nuit.
Liesse motorisée, fumigénée, bruyante et drapée de ces couleurs nationales qu'un rouge carmin et une étoile jaune symbolisent sur tous les tissus.
Le pays, arrêté le temps de deux mi-temps, célèbre une victoire par procuration.
Oui, le football a encore marqué.
Dans quel but ?

lundi 8 décembre 2008

Priapisme domestique

Quand on a finalement ouvert toutes les serrures, à grand renfort de cliquetis métalliques, on entre dans cette demeure vide, au murs repeints depuis peu, et l'on se prend à contempler ces pièces successives, meublées au minimum, avec çà et là un montant de lit, une chaise, un pot, un verre cassé.
Il n'y a pas encore d'occupant, et par là, pas d'occupation. Le lieu est vacant, il n'a pas encore d'histoire, mais, vierge à cette heure, il est le support de tous les fantasmes.

C'est qu'une maison s'habite, elle aussi...

mardi 2 décembre 2008

Mardi bis repetita

Et, comme à l'accoutumée, les clichés de cuisine au jour dit.

mardi 25 novembre 2008

De la platitude

Non, non, ce n'est pas de relief dont nous allons parler ici.
Plutôt de cet horizon souvent invisible que l'on cherche au détour des rues, des quais, et que l'on trouve parfois là où on ne l'attend point.
De là, sans doute, le plaisir d'avoir vu un coin d'absolu au hasard du regard.
On poursuit, bien sûr, la balade.

mardi 18 novembre 2008

Mardi gras

Mardi, c'est cuisine chez A. où attendent les bambins pour se salir les mains.
Que va-t-on mélanger aujourd'hui ?
Tarte de pâte ou dur à cuire ?


samedi 15 novembre 2008

Proche du carmel

Tiens, je ne connaissais pas encore cette cour secrète, dont l'entrée est invisible depuis la rue, et où l'on peut à loisir s'asseoir et contempler l'espace et se contenter du silence.
C'est encore un de ces mystères que la ville peut offrir au détour des ruelles.
C'est inépuisable, heureusement.

mardi 11 novembre 2008

Goulûment

Où l'antre s'ouvre alors,
et l'on découvre les trésors
reluisants qui attendent qu'on les saississe.

dimanche 9 novembre 2008

Les poses égarées #4

Je me taisais. Il en était maintenant à bourrer sa pipe. Le jour devenait plus mûr, la lumière plus lourde. Le café était presque désert, avant le coup de midi.
J’avais beau tenter de remettre mes idées en place, je ne parvenais toujours pas à faire des siennes les miennes.
Et puis, après un temps plus ou moins long, je rangeai les planches et les films dans l’enveloppe, que je fis glisser dans mon sac. En me baissant davantage, je sentis l’un des boîtiers d’appareil photo qui traînait dans le fond. Je le pris, fouillai encore, trouvai un objectif, l’ajustai, et me relevai d’un coup.

Je souris maintenant à l’homme qui fumait tranquillement, visai, et appuyai sur le déclencheur.

samedi 8 novembre 2008

Les poses égarées #3

- Ça ne te reviens pas ?
- Comme ça, je ne vois pas, non. C’est étrange. J’étais sûr que j’allais au devant d’une déception en me rendant au labo. Je suis certain d’avoir été la personne qui a appuyé sur le déclencheur, mais je ne parviens à associer mes souvenirs à ces images.
- C’est une chance, grommela-t-il.
- Pardon ?



Il se tut, regarda encore attentivement chacune des feuilles, puis me les rendit.
- Je ne vois pas, non. Voilà des témoignages d’une partie de ma vie, et rien. Si on s’emmerde à faire des photos, c’est bien pour rappeler à soi tout ce dont on se souvient de ces moments-là !
Je m’étais emporté. J’avais l’habitude de m’emporter en face de lui.
- Mais tu en connais peut-être d’autres qui sont semblables à ceux-là, articula-t-il lentement. Ces photos, les photos, ce ne sont que des photos ! Et tu es déjà allé à Florence, et à Sienne, et à Pise, et dans les collines de la Toscane, n’est ce pas ? Tu m’en as déjà conté, des épisodes de tes pérégrinations transalpines. Alors quelques moment de plus, là, offerts tout à coup ? Et là, un repas de famille impromptu où tout le monde semble n’en être qu’à l’apéritif ? Et enfin, une petite amie orientale, cachée parmi les oublis de ta pauvre mémoire ?

vendredi 7 novembre 2008

Les poses égarées #2

- Ça ne me revient pas…
Il sourcilla.
- Quoi donc ? Ce sont bien des photos que tu as prises ?
- J’ai trouvé ces rouleaux de pellicule au fond d’un vieux sac. Un sac de voyage, un truc que je devais utiliser avant, peut-être avant de venir habiter ici. Les pellicules se sont retrouvées ensuite sur la cheminée, ou elles ont dû rester bien plusieurs mois. Deux bibelots de plus dans mon fouillis, que j’avais finis par ne plus apercevoir. Ce n’est qu’il y a deux semaines que je les ai emmenées pour les faire développer. Comme cela, le temps était venu, et voilà.



- Je peux voir ?
Je lui tendis les deux feuilles. Il leva le bras, commanda un café, et se rencogna.
Deux planches : sur la première, une série de paysages, vraisemblablement en Italie. Florence, pour sûr, Sienne, Pise et puis la campagne, un village ou deux, San Giminiano, peut-être. Sur quelques unes des images, une jeune fille asiatique, qui sourit.


La seconde planche représentait une succession d’instants saisis au cours d’un repas – d’un dîné, ai-je pensé en observant les lampes allumées et le vin sur la table.

jeudi 6 novembre 2008

Les poses égarées #1

Je n’avais pas encore eu le temps de décacheter la grosse lettre que je portais sur les genoux. La clochette de la porte du café grelotta plusieurs fois quand il entra. Il portait toujours son long imperméable bleu marine, même en ce matin clair. Il vint s’asseoir à ma table et appela un garçon pour son café, un long café noir qu’il prit sans sucre, en lentes lampées, tandis que je ne pipai mot.

La grosse enveloppe était commune : marron clair, aux rabats bien collés, aux cornes bien droites. On me l’avait remise avec un peu de retard : le labo photo avait été à cours de produits chimiques, et j’avais attendu sans trop y penser, sans trop savoir à quoi m’attendre. Et, comme cela, elle était sur les genoux, encore close, et il buvait son café, absorbé par des ruminations bien à lui.

- Tu ne l’ouvres pas ? finit-il par me demander lorsqu’il posa sa tasse.
- Si, bien sûr, dis-je.
Et je procédai donc, d’un coup de pouce. Je déchirai, et sortis deux pellicules développées et deux planches-contact. On pouvait y voir plusieurs bandes noires et blanches, assez contrastées.

jeudi 23 octobre 2008

Toujours rue Dien Bien Phu #3

De la terre jusqu'au ciel,
pavé après pavé,
à cloche ou
à deux pieds,
sans ce soucier du reste...

lundi 20 octobre 2008

Le Ben Nghe se meurt

Cloaque, certainement, mais délicatement moiré de couleurs célestes.
L'arroyo se meurt doucement, abandonné des chalands qui ne peuvent plus accéder au fleuve.
Saigon prend la mesure du nouveau siècle : la voiture a besoin de nouveaux terrains de jeu. C'est là, donc, que s'étendra l'autoroute, en bordure de quai.
Le vieux quartier chinois ressemblera alors peut être davantage à un morceau de la Chine actuelle...

dimanche 19 octobre 2008

Ben Nghe forever

Pont, de nouveau.
Pont de fer qui enjambe l'arroyo qui, autrefois, voyait tous les bateliers chinois approvisionner Cho Lon.

Pont rouillé maintenant, qui vibre au rythme incessant du passage des vélos - à pédales ou à moteur - et sur lequel on se pose toujours pour que le monde se voit passer.

samedi 18 octobre 2008

Mettre l'heure en scene

Soirée d'échanges théâtraux chez A. ce soir. On goûte à l'ivresse des textes vite lus, en italiennes improvisées, pour en extraire nos impressions.
C'est un jeu de rôles peut-être trop préparé, parce qu'à la lecture il est difficile de se faire une plus large idée.

Qu'importe, l'intérêt est dans l'échange, la contestation, l'appariement.
Accessoirement, on en viendra peut être à choisir une pièce en kit, a monter soi-même, avec deux ou trois bouts de ficelle.

vendredi 17 octobre 2008

Gimme Gimme Gimme Banh Mi

Ça ne mange pas de pain, de faire une photo à la ABBA, sans même s'en rendre compte.

mercredi 15 octobre 2008

Toujours rue Dien Bien Phu #2

On a beau engager la conversation sur un ton badin, passant rapidement sur le fait que l'on n'est pas d'ici, manifestement, mais que l'on comprend tout de même un peu ce qui se dit,
et invariablement le discours se fait un peu coquin. On est entre hommes, après tout, et si évoquer la quéquette n'est pas le fait de personnes bien nées, ce n'est pas notre problème.
Alors on échange quelques grivoiseries, parce qu'il faut bien vivre, aussi, et, accessoirement, on saisit l'instant d'une photo souriante.

lundi 13 octobre 2008

Toujours rue Dien Bien Phu #1

- Vas-y ! Allez, la ! il veut que tu le prennes ! Allez !
Il est certainement aussi surpris que moi. On l'encourage de plus belle.
- Allez ! Une photo !
Il se découvre vite.
On en fait autant.


dimanche 12 octobre 2008

Le soleil donne

Apercevoir, au détour du chemin des swastikas, rappelle toujours l'emploi équivoque de ce signe religieux. La, façonné en brique d'aération, il doit donner à la brise un air découpé en quatre vents. Est-ce que, seulement, le bâtiment est occupé ?

samedi 11 octobre 2008

National park folk tale teller

Il a remisé sa Remington, et ses Winchesters. Râtelier plein, pipe de maïs prête, il n'a pas encore imprimé à son rockin' chair la cadence idoine. C'est qu'il vous attend, lecteur, pour vous conter l'histoire du plus grand disquaire de tous les temps. Et rien ne l'arrêtera : ni les 33, ni les 45, ni les K7 et encore moins les LP... Rendez-vous ici, pour écouter les souvenirs de Yosemite.

Double V

La rue Dien Bien Phu est à Saigon une rue où l'histoire est allée trop vite. C'est l'entrée depuis la route d'Hanoi, celle qui commence au sortir du pont qui sépare les terres du haut et celles que la ville a dressées tout autour.
Tout se jette dans cette grosse artère, si large qu'elle saigne jusqu'aux quartiers centraux. Et tout y passe, des immenses camions aux bus complets, et, bien sûr, cet essaim incessant de motos vibrionnantes.
A côté, puisqu'on a fait large, un trottoir de briques mal enchâssées, où se marre quelque pylône.

lundi 6 octobre 2008

Caterpillar

Au 54 rue Dien Bien Phu, on répare encore les chenilles.
Je ne connais pas l'empattement : Américain ?, Coréen ?, Japonais ?, Chinois ?...

vendredi 3 octobre 2008

Cthoniennes averses

Un pan de ville vient de s'effondrer. Il était là, c'était une ligne de plus dans l'horizon déjà encombré de Saigon, mais on pouvait toujours distinguer cette silhouette au deuxième - ou troisième - plan.

Mais là, plus rien, seulement un champ de décombres, que les enfants du coin ont vite fait de conquérir. Le terrain, vague maintenant, longe un canal. deux ou trois arbres ont daigné étendre leurs racines, et rien ne leur fait pour l'instant ombrage.

Au crépuscule, comme tous les jours à six heures pétantes, le vent est tombé, les éclairs illuminent le ciel bouché, le sol réclame une fois de plus sa sauce. La pluie arrive.

lundi 29 septembre 2008

Trois couleurs

Du jaune et du brun, mais du jaune surtout.

Du bleu et du blanc, mais le blanc ne compte pas.

De l'ocre et du noir, encore, et l'ocre, surtout.

samedi 27 septembre 2008

Sous le pont, mire l'eau

Transposer l'onde si lasse d'Apollinaire au cours d'eau fangeux qui serpente entre les maisons de Saigon, voilà un raccourci intempérant ! Et pourtant, voila bien une eau lassée de ses scories, une eau molle et épaisse qui roule sur elle-même en vagues tourbillons, et qui ne sait plus où se jeter. S'y reflètent aussi les silhouettes de passage, les hommes qui ne daignent plus regarder au-delà du pont, qui n'ont pas de ces chagrins qui leur ont fait dire un jour que les jours s'en vont mais qu'eux demeurent.

jeudi 25 septembre 2008

Plastic bag fish

Chat, clown, coffre, épée, globe, lune, rouge, scie, pilote, plat ou bien volant, le poisson saura toujours se vendre au coin d'une rue, à coup d'œillades remarquées et racoleuses. Il ne craint rien, noyé dans son élément.

Il ondoie, il virevolte, mi-gracile, mi-nonchalant. Et il se fiche bien d'appâter le client.