dimanche 20 avril 2008

Du côté du Song Hong

Nul doute que la fascination saurienne soit le ferment de nombreuses légendes extrême-orientales, où, pour un oui ou un non, un dragon vient se lover dans un mont, une vallée, un nuage, un fleuve. Après tout, du têtard entortillé au symbole du flux cosmique, il n'y a pas de lézard : tout mue, remue, transmute.

Je vois bien ce monarque moustachu et vaguement félin, rêvant aux écailles de quelque serpentine figure, et décidant que là, au delà du fleuve, serait sa capitale. Bon, il y avait bien un bourg, sur la route de la Chine, au nom de Tong Bình, ou bien de Long Do, ou bien encore de Dai La-la citadelle. Mais, toute forte fut-elle, la place n'en devint que plus majestueuse lorsque notre bon Ly Thai To, en 1010 tout juste, y fonda sa cour, et nomma le lieu Thanh Long, en hommage au dragon ascendant de ses visions éthérées. Depuis ce jour, l'endroit connut toutes sortes de vicissitudes, consistant principalement en un va-et-vient de troupes chinoises, toutes occupées à boulonner ou déboulonner un trône que les sourcilleux empereurs vietnamiens veulent garder pour eux tout seuls. La ville grandit à mesure que l'on piétine dans cette histoire, et lorsqu'enfin Le Loi Boute l'ennemi chinois hors de son empire, en 1428, il marque le coup en baptisant l'ancienne Thanh Long d'un nom plus empesé. Dong Kinh, et voilà le travail. Ca s'écrit comme Dong Jing chez ces fieffés Chinois - ou même comme Tokyo, quand les Nippons en auront soupé d'Edo. (Et cela amène nos compères Français, chez qui le "kin" asiatique est une marque de fabrique, a causer de la région comme du Tonkin.).

On voit se suivre les années, et Dong Kinh se voit voler la vedette par Hue, plus au sud. On doit attendre un Nguyen qui réinstaure la capitale au nord, y allant aussi de son talent toponymique : Ha Noi, ça sonne aussi, même si l'on ne parle plus que du fleuve.
Le dragon, lui, s'est envolé voilà déjà longtemps. Il a senti le vent tourner, et les canonnières françaises qui n'attendent que de tonner...

(Photos prises à l'ouest de la ville, dans l'arrondissement de Ba Dinh, où l'on ne badine pas avec le Plan. 2010 et Hanoï fête son premier millénaire. De quoi réparer quelques trottoirs...)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est clair que les axes routiers y sont bien meilleurs, mais franchement... C' est tellement laid que ca fait mal au coeur, contruit au plus cheap et vendu a prix d' or.

A noter que des proprietaires se sont endettes pour acheter quelques m2 qu' il arrivent meme pas louer.

Il faut voir la nuit le nombre de fenetres sombres qui indiquent les apparts vides.