jeudi 26 novembre 2009

Fiat Lux - Saigon Electric #8

La bénédiction, n'est-ce pas ?
Certes.
Mais, quelles sont les lignes conductrices ?

dimanche 22 novembre 2009

Du passé, gratuitement

Toujours, ces nuits sans lune.
Au hasard des venelles, celles qui sont perdues aux confins des quartiers périphériques, on trouve encore des maisons qui agonisent en silence. On leur a d'abord retiré les pavillons adjacents, et, nues, elles attendent que les armées de maçons viennent s'en prendre à leurs murs, leur toiture, leurs étages ; et, plus tard, ce seront les fondations qui seront exhumées.
Ces nuits sans lune, à proximité, on voit les lueurs des camps de maçons qui attendent le jour, masses et marteaux à leur chevet.

On rase gratis, demain.

jeudi 19 novembre 2009

Scriptures

«Difficile... Voire impossible.
C'est que maintenant la langue s'écrit autrement, voyez. On a eu des Jésuites - parfois bien intentionnés - qui ont décidé de retranscrire nos caractères en latin, en passant par le lusitanien. Ça a fait tâche d'huile, et, passés quelques siècles, c'est devenu l'usage. On écrit comme vous, presque. L'alphabet, les voyelles, les consonnes. Et puis les accents. Ceux-là, il sont bien à nous, pas de souci qu'on nous les pique, on est bien les seuls à savoir comment s'en servir. On en a plein, voyez, et même, on peut les superposer, ou les faire figurer sous les syllabes. C'est notre truc, ça, pas de doute. Vous pouvez toujours vous accrocher si vous voulez en maîtriser les arcanes.
Mais là...
Dur. On ne sait plus les lire, ces inscriptions absconses. Non... On a changé, et ces réminiscences de la tutelle chinoise, non merci ! On est modernes, nous, on écrit en ligne, de gauche à droite, et on ne se tue plus les yeux à déchiffrer les carapaces des tortues.
Non, je vais vous dire : le chữ nôm, c'est mort.»

dimanche 15 novembre 2009

Le dos aux murs

Imaginons.
C'est une ville à qui il manque une dimension. Une ville cousue sur le ciel.
C'est à se demander où se prolongent les perspectives, mais sur toutes ces façades, on ne peut que compter les étages.
On ne peut même que passer devant, car il est vain de chercher le derrière. Ce derrière, il existe peut-être, mais les chemins de traverse arrivent toujours trop tard, et l'on a perdu déjà tout repère.
Qu'importe, d'ailleurs.
Le tout, si l'on veut s'y retrouver, c'est de mesurer les niveaux, et de se souvenir de la séquence des couleurs.
Quant au ciel, moi, je ne lui ai jamais fait confiance.

Vous devriez, vous aussi, en prendre de la graine.

dimanche 8 novembre 2009

Prosélytisme routier

C'est qu'à force de passer jour après jour devant ces visages muets et figés, on s'en voudrait de ne point s'arrêter, s'en approcher et tenter de lire sur leurs lignes les présages d'antan, ou bien de bien plus tard.

Car il y a là d'abord tout le bréviaire : les primes de Marie, les tierces de quelques chérubins et les vêpres christiques, tandis que, un peu plus loin, hurlent en silence les lions hiératiques de la Chine exportée.
Toujours en avançant, sans prendre trop garde aux poses langoureuses de statues racoleuses, on tombe sur les têtes multiples d'un Bouddha trop serein.

On se méfie, bien sûr, de ces sagesses de bazar, et l'on finit par s'en retourner vers la route, vers la fuite.
Trop de signes, ici, pour prier décemment.