mardi 20 juillet 2010

C'est assez

Le Trias ? Oui, le Trias, vous situez ? Cette période durant laquelle la Pangée fut disloquée ? Ouvrant l’océan que l’on appelle à présent l’Atlantique, donnant naissance aux continents africain et américain ? Oui ?
Bien.
Voici, donc. Deux continents qui s'éloignent et deux versants océaniques qui se font face. Deux versants, et plus encore de côtes, de falaises, de plages. Et du sable aussi. Plein. Du sable sur lequel viennent gambader des archéosaures – de vieilles bêtes dont je vous laisse imaginer la forme. Elles passent par là, y laissant des empreintes qui seront ensuite recouvertes de sédiments, par couches successives, avant d’être violemment soulevées de plusieurs kilomètres par un accident géologique. C’est que ce jeu de plaques mouvantes provoque mille et un plissements, et que le terrain se gondole, monte, descend, s’incline, ne rompt point, parfois. Et qu’il se retrouve intact, à mille lieues de ce qu’il fut, dans le massif alpin.
Alors, par affleurement, revoici ces traces laissées par des créatures enfouies sous tant d’histoire, presque intactes sous les neiges de maintenant, là ou, un peu plus bas, les génisses helvètes eurent tout loisir de paître il y a moins d’une centaine d’années, sur le plateau dit « des Mossons » - on cause patois aussi dans tous les cantons du Valais, et ces génisses-là s’appellent ainsi.
Bref.

Du plateau des Mossons, on vint à en avoir une grande idée, en ces temps qui nous sont contemporains. Il y a là un torrent, la Barberine, et une conformation de terrain idoine pour y construire un barrage, histoire de faire quelques étincelles avec l’eau qui dégringole. Premier barrage, modeste, en 1925, que les Suisses bâtissent pour assurer l'indépendance énergétique du pays. Ça ne suffit pas. Il faut en faire un autre, plus haut, sur le lieu dit du Nant de Drance, pour assurer davantage de courant fourni. On est à présent en 1955, et le plateau des génisses helvètes est encore sauf. Ce n’est qu’en 1973 que l’on se décide à engloutir tout le plateau d’Emosson – ancien barrage de Barberine inclus – pour y capter l’eau du cirque ainsi que celle du massif du Mont Blanc. Une retenue de quelques 225 millions de m³ d’eau, histoire de turbiner un peu, et de faire de l’or blanc transfrontalier.
Ce n’est finalement que le 23 août 1976 qu’un géologue du nom de Bronner découvre sous un névé d'étranges traces : d’abord, des ondulations créées par d'antédiluviennes vagues, puis des empreintes de reptiles disparus, pesant peut-être dans le quintal et mesurant 2 a 4 mètres. Ces sauriens primitifs semblent pour l’instant échapper à toute classification. Aussi, si vous en avez une idée plus précise, n’hésitez pas.
Vu ?

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