C’est presque toujours comme ça que ça se passe : on entre dans la chambre, on en fait le tour, rapidement, en jetant un rapide coup d’oeil à la fenêtre, mais sans toucher aux rideaux, on allume une à une les lumières à partir de la console à côté du lit double, on s’assoit, on enlève ses chaussures, puis chacun prend sa place. Nous sommes invariablement trois, et il y a toujours un grand et un petit lit.
- Alors, et cette vue ?
C’est la suite logique : l’un d’entre nous se lève, et se dirige vers la fenêtre, pour écarter d’un geste large les rideaux toujours tirés. Et là, devant nous, apparaît le paysage. Il change d’une chambre à l’autre bien sûr, mais il est toujours composé de la même manière : un paysage de ville, avec des immeubles rectangulaires plus ou moins hauts, plus ou moins modernes, des façades régulières percées de fenêtres tout aussi régulières, des rues en contrebas où se déplacent lentement toutes sortes de véhicules et toutes sortes de gens, et au-dessus un ciel qui tire lentement vers un crépuscule un peu couvert, gris-bleu, joli tout de même, si l’on y prend garde.
- C’est joli, non ?
Le commentaire flotte dans l’atmosphère silencieuse de la chambre. Nulle réponse ne vient le rappeler, et nous en retournons à notre activité première, chacun allongé maintenant, sur d’épais matelas, pour contempler d’un œil mi-clos les lézardes du plafond.
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