
Il paraît que ce sont les Grecs qui ont mouillé les premiers, pour coloniser la côte. Ont suivi les Romains, bien sûr. Et puis plus tard, les moines de Saint Victor de Six-Fours vinrent exploiter les salines des Embiez, et construisirent un port, en 1068.
C'est un coin calme, qui ne se fait point trop connaître. Le dix-neuvième siècle voit s'exciter les puissances, et un fort voit le jour, dont la construction prendra fin, après 30 ans de travaux, en 1867.
C'est Bonaparte qui gouverne et qui fait le siège de Toulon.
C'est Napoléon III qui y installe des bouches à feu.
C'est en fait la mer des Tartares.
On désarme en 1885, un peu dépité. Et l'île s'assoupit encore, malgré quelques Italiens qui passent au large, jusqu'à ce qu'un homme alambiqué l'achète en 1958.
Cet homme a des visions. Il bâtit a tour de bras, et l'on se précipite aux Embiez y parquer son yatch, entre deux apéritifs.
C'est dans ce même port qu'en 2006 un ferry débarque, sur lequel traînent, un peu désinvoltes, nos deux compères. Ils sont un peu à la bourre, parce qu'ils ont raté le précédent ferry et qu'ils l'ont eu un peu mauvaise. Surtout qu'ils étaient déjà là. Mais bon, avec une ou deux cannettes de bière tout s'est arrangé. Ils débarquent donc, au crépuscule, pour aller vérifier que les Ricardiens se poilent comme il faut. C'est que c'est ce soir la Grande Venue. Tous sont la pour s'assurer qu'il faut boire pour le croire. Et qu'il faut inonder le monde pour écoper le pèze.

L'hôte, Paul Ricard, est déjà mort et repose pas trop loin, près des embruns, au-delà du fort Saint-Pierre qu'il a converti en musée océanographique, au cours de ses années fastes qui l'ont vu conquérir le monde. Il peut trinquer aussi, ce soir, parce que les affaires s'arrosent.
Les Ricardiens en goguettes sont bien traités : expo import export, repas gala, open bar et after after. Barreaux de chaise et shakers nœud-pap. Hôtesses galantes et voiturette de golf. Ils causent en gliche et se tapent l'épaule. Ils s'y plaisent, aux Embiez. Ils viennent d'un peu partout, vont et s'en vont au fil des ferries, toute la nuit.
Nos deux compères, vérification faite, escortent la patronne vers un lit salutaire, sur le continent. Elle a accosté voilà trois jours et a fait monter ses chapiteaux, assistée d'un vieux sage en chaise roulante, bardé de talkie-walkies. Ces deux-là ont eu l'œil et l'oreille à tout, et sont un peu éteints. Ils ont guetté la tempête mais le vent a décidé de la jouer cool, et les ripailles ont eu lieu comme prévu. Dispersés à cette heure, les Ricardiens se saoulent tranquille tandis que nos compères, maintenant trois, rentrent à quai.
C'est qu'il est tard, encore, et qu'on a toujours de la route à faire. Alors on laisse l'île à ses agapes marchandes, et on retourne vers sa Provence, la gorge sèche, et le foie un peu en biais.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire