jeudi 22 décembre 2011

Scieries en séries – A bon entendeur...

Il y a quelques années, j’ai entendu qu’un musicien faisait jouer ses mains sur un morceau de bois. Comme quoi, il y en a qui ne manque pas d’air. Et que fait-on, nous, sur nos établis, sur nos planches ? On fredonne ?

Non, monsieur, nous jouons aussi de la paume, pour un jeu de sciure, une main de copeaux, un tronc de trous… et le tout en musique, scie majeure, s’il vous plaît !

jeudi 15 décembre 2011

Scieries en séries – Approches secondes

- Et là, qu'a-t-on ? Du peuplier ? De l'acacia ? De l'épicéa peut-être, à moins que ce ne soit du vulgaire agglo.

- Et là, qu'en fait-on ? Un chanfrein ? Un tenon ? Une mortaise peut-être, à moins que ce ne soit une simple coupe.

vendredi 2 décembre 2011

Note de service

« Je sais, je sais, allez, allez ! »
mais elles s’amusent toujours.

C’est normal, une nouvelle noce arrive,
et rien ne peut jamais être
tout à fait prêt.

vendredi 4 novembre 2011

Scieries en séries – Improbables

De là où l’on est, et seulement ça.

L’angle joue, c’est vrai ; la chance aussi. Le match est nul.

C’est ce qui transpire de l’image - le fait de la garder, celle-la et pas une autre.

C’est qu’on affûte toujours, dans ces hangars perdus, son boitier-à-clicher.

Et pour cela, on n’est jamais trop absent…

samedi 29 octobre 2011

Scieries en séries – The Sandman

Scaphandre à sable !
À table !
Et pour ceux-là, les incapables...
Implacables !

lundi 10 octobre 2011

Scieries en séries – Photomaton

Les ouvriers ? Tous à la découpe.
L'endroit ? Un hangar. Quatre portes sur l'extérieur. L'extérieur ? Une jungle, et plus loin, une route.
L'heure ? Le zénith.
L'aperture, la vitesse ? On l'ignore. On sort juste l'appareil compact, la cellule fait le travail. Et puis, oui, il faut rattraper le coup à la maison sur le gros poste informatique nanti de tous les logiciels idoines.
Quatre !, car quatre sont les grands portails coulissants qui nous enferment tous.
Parce qu'? Qu'enfin ! C'est d'un photomaton de scierie dont nous parlons ici.

mardi 4 octobre 2011

Scieries en séries – Gameplay

- Ce bois là, qu’il soit peuplier, épicéa, pin, chêne, bouleau, il se dévêt quand bon te semble. De ses fibres, joues-en ! Quant au métal, on verra ça plus tard…

mardi 27 septembre 2011

Scieries en séries – L’hommage aux Mères Lachaise


- Ah, très bien ça. Débuter par l’assise ! Pour y poser séant, et réfléchir de suite. Ainsi donc, le meuble premier est bien celui sur lequel on repose. Alors, de l’assemblage : un piètement, oui, et un siège. Plus haut, le dossier, et, parfois, les accotoirs.
La voici curule ; plutôt à bascule ; percée et de commodité ; ponteuse, porteuse, gondole ; pliante, ou longue ; musicale aussi ; électrique enfin. C’est elle, et c’est ce qui convient.


mardi 20 septembre 2011

Scieries en séries – Premières rencontres

- Du peuple qui meuble ces lieux, ne te méfie pas, il en fera autant. Il pourra même te prêter main forte, le cas échéant. Ou bien alors, encore, tais-toi, regarde, observe les gestes et les coutumes. Les allures et les pas. Tu n’en seras que plus adroit. Allez… ciseaux à bois !

samedi 10 septembre 2011

Scieries en séries – Premières approches

- Le tout, c’est de savoir par quel bout le prendre. Un pied ? Carré ? Rond ? En balustre, peut-être. Ou bien alors, tout de suite une charpente, des rails, des entretoises. Droites ? Courbes ? En H ? En X ?

- Affûte, affûte, tes lettres sont les pièces, et les pièces s’assemblent. Tu as droit ce jour d’hui à quelques vis plates, autant de rondelles, et toujours ton marteau.

jeudi 1 septembre 2011

Scieries en séries – Prologue

- Tatatat… maintenant tu te tais. Tu te tais, tu écoutes. Oui, c’est bruyant, c’est le bruit de la découpe. De ce qui va être la musique stridente de tes jours par ici, maintenant que ta langue est coupée, et que tes doigts sont gourds. Oui, tu ne peux plus écrire non plus. Non. Plus écrire, car plus de papier, plus de plume, de mine, d’encre. Plus de mots. Juste du bois, des fibres, des échardes, des planches, des copeaux, des nœuds et beaucoup de sciure. Tout ce qui pourrait - bien sûr – faire aussi le papelard sur lequel tu pourrais t’épancher, mais qui dorénavant finira en pièce montée : une commode ? une table ? une chaise ? un lit ? A toi de voir. Te voilà en scierie, et de ces grumes qui rentrent par ici, je veux voir des meubles sortir par là. Tu as tout le temps, tout le temps. Et, aujourd’hui, juste ce couteau, et cette règle.

lundi 15 août 2011

Géothéo

Si par un point passe une infinité de droites, que penser de deux points, par lesquels ne peuvent passer qu’une et une seule droite, mais une infinité de courbes ?...

Point de courbes, point de droites, point de.

vendredi 12 août 2011

A pile et face

Un retour là-haut.
Au pont céleste.
Et toujours davantage de fenêtres,
toujours davantage de vitres,
toujours davantage.


jeudi 11 août 2011

Kuala, 90's

Ces deux-là émergent dans le noir du ciel,
chacun à sa façon,
massive ou effilée,
mais la démangeaison
est, là-haut, sûrement la même...

mercredi 10 août 2011

Roomed and serviced

- Bon, je vais prendre le petit lit, alors.
C’est presque toujours comme ça que ça se passe : on entre dans la chambre, on en fait le tour, rapidement, en jetant un rapide coup d’oeil à la fenêtre, mais sans toucher aux rideaux, on allume une à une les lumières à partir de la console à côté du lit double, on s’assoit, on enlève ses chaussures, puis chacun prend sa place. Nous sommes invariablement trois, et il y a toujours un grand et un petit lit.
- Alors, et cette vue ?
C’est la suite logique : l’un d’entre nous se lève, et se dirige vers la fenêtre, pour écarter d’un geste large les rideaux toujours tirés. Et là, devant nous, apparaît le paysage. Il change d’une chambre à l’autre bien sûr, mais il est toujours composé de la même manière : un paysage de ville, avec des immeubles rectangulaires plus ou moins hauts, plus ou moins modernes, des façades régulières percées de fenêtres tout aussi régulières, des rues en contrebas où se déplacent lentement toutes sortes de véhicules et toutes sortes de gens, et au-dessus un ciel qui tire lentement vers un crépuscule un peu couvert, gris-bleu, joli tout de même, si l’on y prend garde.
- C’est joli, non ?
Le commentaire flotte dans l’atmosphère silencieuse de la chambre. Nulle réponse ne vient le rappeler, et nous en retournons à notre activité première, chacun allongé maintenant, sur d’épais matelas, pour contempler d’un œil mi-clos les lézardes du plafond.

mardi 9 août 2011

Nez au ciel

En haut,
et à la verticale,
le tapis du plafond
et son plancher de poutre
n'attendent que la goutte
qui pend qui pend qui pend
et tombe
là-bas.


samedi 6 août 2011

極樂寺

Le plus grand, le plus opulent !
Sis à flanc de montagne, il domine la côte et expose fièrement les paliers de ses tuiles vernissées à tous les vents, toutes les pluies, toutes les éclaircies.

On dit de lui qu’il fut commandé par décret impérial depuis la lointaine Mandchourie, alors que 光緒帝 régnait sur Pékin et sur les steppes mongoles.
Qu’il fut édifié à la fin du siècle des Catastrophes, alors que toutes les factions chinoises rivales de Penang se disputaient les faveurs britanniques sur le commerce du Détroit, et qu’il fallait donc un socle solide sur lequel appuyer les alliances des sociétés secrètes, qui priaient avec ferveur l’annihilation des clans voisins.
Qu’il grandit encore à ce jour, parce qu’il faut toujours attirer les faveurs de la Déesse, celle de la Miséricorde Eternelle, qui veille immanquablement aux destinées mercantiles des trafiquants de leurs propres espoirs.

Des coquilles et des noix

Cette île-là est désormais reliée au continent. C’est un pont, très long, qui assure la connexion des terres, et qui draine à toutes heures un trafic conséquent. Cette île-là est donc dotée d’une grosse ville sur ses côtes, une ville bigarrée et cosmopolite, émaillée de maisons de marchands, de temples et de mosquées, d’immeubles décatis ou rutilants, vibrants dans l’air saturé de chaleur et d’humidité, baptisée royalement Georgetown.

Cette île carrefour a, ces derniers temps, suscité bien des convoitises, indiennes ou portugaises, hollandaises ou malaises, anglaises, siamoises, chinoises… On ne compte plus ses dénominations successives au gré des conquêtes de son littoral propice à toutes les frégates. C’est 檳榔嶼, Pulo Pinaom, Koh Maak, ou bien encore Pulau Pinang, en référence aux areca dont on mâche toujours le bétel.

On y vit toujours aussi de cargaisons mystérieuses, qui transitent par le Détroit vers l’Asie ou bien l’Europe, et l’on se garde bien d’en faire étalage… la vertu première de tout négociant n’est-elle pas de garantir tous les secrets ?

mercredi 3 août 2011

Call me money, oh oh

Oui, oh oh… une bonne voiture, oui, Range Rover, increvable, increvable, depuis seize ans que je conduis, pas une panne, non, pas une. Oui. Oh oh. Et je vais vous conduire d’abord aux plantations de thé, hein, de thé Malais, oui, Malais, oh oh. Nous allons passer par Tanah Rata, et puis Brinchang, avant de nous arrêter à Boh. Oh oh, oui. C’est une plantation créée dans les années 30 par un Ecossais un peu fou, qui voyait dans ces vallons de quoi planter du thé à foison. Ma foi, le thé est encore là, mais les Ecossais sont partis. Oui. Et puis ensuite, une ferme aux papillons, oh oh, vous aimez les papillons, oui. Et puis après on verra, si le temps se maintient, oui, on descendra voir les Orang Asli, le peuple aborigène, oui, oh oh. Oui. Oui, je sais, je parle je parle, mais il faut savoir que je suis arrivé tout petit à Cameron Highlands, tout petit, oui. Et j’ai appris l’anglais en faisant le caddie au golf pour les rares visiteurs britanniques de l’époque, oui. Et puis après, je suis devenu jardinier, et puis terrassier. Oui. J’ai même construit la route qui monte. Et celle qui descend aussi, oui, oh oh. A porter des paniers de pierres sur la tête, oui. Et ensuite, chauffeur de camion, chauffeur de bus, oui, je l’ai prise dans tous les sens, cette route qui monte et qui descend, oui. Oh oh. Et guide, guide touristique, enfin, dans ma Range Rover qui ne tombe jamais en rade, oh oh. Non.

lundi 1 août 2011

Faune fleurie, Fleurs animées

Choses végétales, choses animales,
toutes vues du côté de Cameron Highlands...
Fleurs épanouies, cacti, feuillage bariolé,
Ou bien encore ailé, et tout aussi coloré.


mercredi 27 juillet 2011

Aux vagues, etc

Allons bon ! Encore un de ces dragons facétieux qui vient prendre racine.
Celui-la est une princesse dragonne, issue de l’empire chinois et qui, par amour, vint convoler pour ces noces du côté de Singapour. Au cours de son voyage, elle fit halte dans les eaux calmes des côtes malaises et, bercée par la houle, rêveuse et indolente, décida tout de go d’oublier ses projets. Elle se métamorphosa alors en une île montagneuse et verdoyante que les pêcheurs découvrirent un jour, au gré des vents qui les menaient au large. Ils y mouillèrent, s’y installèrent, et rendirent grâce à ce saurien céleste et légendaire sans qui bien des bateaux se seraient perdus corps et bien. On connaît désormais cette île sous le nom de Pulau Tioman, ou bien – mais c’est plus dur à dire – Gunung Daik Bercabang Tiga.

dimanche 24 juillet 2011

Un quart de sérénité

La prière.
Debout, accroupi, à terre, assis.
Prosternations.

L'eau d'Allah

De l’eau.
De pluie.
D’un puits.
D’une source.
D’une rivière ou de la mer.
D’une fonte de neige ou bien de glace.
Ou d’un lac.
Ou d’un étang.


Des ablutions.
Comme le Wudu et ses quatre Fard.
Se laver le visage.
Les bras, puis les coudes.
L’occiput.
Les pieds, et les chevilles.

samedi 23 juillet 2011

Strait's tale

Journal du marchand Pieterszoon – Malacca, 1642

En cette année 1642, après avoir abattu la forteresse A Famosa, nous avons repris les rênes du commerce dans le Détroit. J’ai ainsi pu prendre demeure dans la maison d’un riche négociant portugais, qui, dans sa fuite, a laissé de nombreux coffres scellés. Dans l’un d’eux, j’ai trouvé ceci : c’est, je le crois, une traduction latine d’un texte plus ancien, en Malais ou en Sanskrit. Et, si ma mémoire ne me fait pas défaut, il est possible que ce soit de la main de Parameswara lui-même, le soit disant descendant du grand Alexandre, qui vint s’échouer ici il y a plus de deux siècles. En voici la teneur :

Assez ! Assez de ces errances, de ces conquêtes, de ces terres gagnées, perdues, de ces honneurs factices, de ces titres frivoles. Assez de ces pillages, de ces abordages hasardeux au gré des vents et des pavillons. Je ne veux plus de ces vigies, de ces mouillages sur tous les cailloux du Détroit. Je veux un port, une amarre solide, et du commerce profitable. Je veux régner sur une terre aussi portée sur les richesses maritimes que Singapura Lama. Ah ! Maudits soient tous ces descendants de Singhasari, ces bouseux à la peau noire, ces singes venus du sud ! Comment ont-ils pu usurper notre pouvoir, à nous autres Srivijaya, et nous pousser à l’eau, encore, à nous rendre pirates, encore !

Raja j’ai été, Raja je serai de nouveau, aussi loin que portera mon regard, depuis l’horizon des mers indiennes jusqu’au sommet des collines forestières. Et ce morceau de côte, je le disputerai toujours aux barbares incessants, qu’ils viennent du sud ou bien du nord, qu’ils soient simiesques ou majestueux. J’ai trouvé aujourd’hui le nom de ma capitale future. Il m’a été donné de la plus étrange façon, par l’acte d’un animal : c’est un de ces chevrotains que l’on chasse parfois et qui, acculé, devant la meute, a réussi par sa bravoure à jeter à l’eau l’un de mes meilleurs chiens. J’étais là. J’ai vu ce frêle animal lutter pour sa survie, comme je le suis moi-même, fragile maintenant car manquant d’appui. Et je réussirai aussi, comme lui, à bouter l’ennemi, et à restaurer notre lignée. C’est décidé : ce mien territoire portera le nom de Melaka, comme l’arbre sur lequel j’ai assisté à cette scène auspicieuse. Et je ferai de cette terre fertile un comptoir florissant.