onc, tout cela est très vieux. Des légendes étrusques et des mythes romains. Des chrétiens qui, par papauté, interviennent assez tôt.
Florence était il y a fort longtemps sous férule carolingienne, avant de basculer vers une indépendance bien plus profitable. Au XIIIe siècles, les cites-Etats de Pisa, Siena, Perugia et surtout Florentia s'enrichissent grâce au commerce, notamment des textiles, et aux activités bancaires.

Florence s'impose. Importante cité – l'une des plus prospères d'Europe. Et puis, ce sont les machinations politiques qui tourbillonnent et deux camps se dessinent : les gibelins, partisans de l'influence impériale, et les guelfes, alliés de la papauté. Tous dissimulent fort mal leurs querelles familiales, l'ambition personnelle et l'antagonisme de classe. Foin de noblesse idéologique, et l'on s'étripe par milliers. Les guelfes florentins tiennent Pise, Sienne et Arezzo.
Les cites ombriennes prennent aussi leur indépendance, et se servent des mêmes prétextes pour mener leurs guerres mercenaires. Elles se brûlent à ce jeu et se soumettent les unes après les autres au Pape. Une seule résistera : Pérouse.
En 1348, la peste noire ravage la péninsule. Florence est gravement touchée, et perd un gros tiers de sa population. Deux de ses plus grandes banques sont en faillite. Foin des catastrophes, et l'on retourne aux affaires. Trois ans plus tard, on s'empare de Prato et l'on achète Arezzo. On finit même par soumettre Pise.
1434.
Il Vecchio, Cosimo de' Medici, chef d'une riche famille de banquier, prend le contrôle des territoires florentins, donnant le coup d'envoi du long et puissant règne de la dynastie des Médicis. Protecteur des arts, Cosme l'Ancien, favorise la révolution humaniste.
Que vive le
Rinascimento !

On multiplie les universités et l'on se soucie moins de théologie. De l'est viennent de mystérieuses histoires de l'autre empire romain. Byzance s'éteint et ses trésors antiques parviennent jusqu'ici, en d'incessants voyages d'érudits orientaux. On tient concile en 1439, et les byzantins mi-goguenards, mi-fuyards, savent qu'ils peuvent se réfugier à Florence si les Turcs envahissent tout. Dans ces bagages venus de l'est, c'est toute l'antiquité qui resurgit, et l'art classique se voit capturé par le génie (sans disciplus simplex).
Petit-fils de Cosme, Lorenzo il Magnifico poursuit l'oeuvre de l'aïeul en étendant l'influence de la ville et en maintenant la suprématie dans le domaine artistique.
Entre-temps, l'Ombrie est décidément papale.
Etrange retour des choses. Excédée par tant d'excès et d'opulence, la population florentine chasse le Médicis et le remplace par un austère dominicain, Girolano Savonarola. Celui-ci, d'un bon coup de poignet, instaure sa république puritaine. Il ne tiendra pas long. Il brûle pour hérésie en 1498. On se dispute un peu la ville, mais les Espagnols ont du crédit. Ils soutiennent Julien, Médicis encore. Médicis qui partent de nouveau, sous les huées, en 1527. Ils repassent par-là en 1530, mais ne restent pas. 1537. Cosme Ier – pourquoi pas – arrive au pouvoir. Florence est un peu exsangue, face aux autres Etats-nations qui ont émergé sur la scène européenne. Ce souverain-là entend bien consolider le rôle de Florence dans une Italie en morceaux. En 1555, Florence se réjouit : Sienne, enfin, est tombée. Florence contrôle dorénavant toute la Toscane – mis à part Lucca et ses modestes possessions – et le pape consacre l'occasion : Cosme Ier est grand-duc de Toscane.

Curieux personnage, despote brutal et mécène des arts et des sciences. On lui doit les Uffizi qui regroupent l'ensemble des services gouvernementaux dans un bâtiment unique, plus facile à contrôler. Par ailleurs, il acquiert le Palazzo Pitti où il s'installe avec sa famille.
De la mort de Cosme Ier à celle du rustre dissolu Jean-Gaston de Médicis en 1737, les descendants de l'illustre famille continuent de régner sur la Toscane. Une longue période de déclin s'annonce. Quant à l'Ombrie, on l'oublie.
A Florence, la filiation de Cosme s'organise. Francois et Ferdinand Ier réussissent à maintenir les troubles. Ils construisent des hôpitaux et parviennent parfois à soulager la pauvreté. Plus tard, Cosme II accueille Galilée pour qu'il puisse poursuivre ses recherches sous protection.
Sous Cosme III, c'est austère, antisémite et bigot. Et ça dure, de 1642 à 1723. Baisse de la population, hausse des impôts. On attend de Jean-Gaston un sursaut, qui ne vient pas, et voilà la triste fin de la dynastie des Médicis, à sa mort en 1737. Six ans plus tard, c'est au tour de sa soeur Anna Maria, qui lègue tous les biens et collections d'art de la famille au grand duché de Toscane, à la condition qu'ils ne quittent jamais Florence.

Par la suite, l'Histoire s'édulcore. C'est l'Autriche qui mène la danse, avant que Napoléon ne débarque. Le Premier consul en fait la capitale du nouveau « royaume d'Etrurie », placé sous l'autorité bourbonne. Puis c'est la soeur, Elisa, qui en est grande duchesse. Puis encore la maison de Lorraine, avec le grand-duc Ferdinand III, fort populaire auprès des florentins. La Toscane est attirante : Shelley et Byron y font un tour, avant que tout n'accélère. 1840 : première ligne de chemin de fer longue distance (Florence – Pise – Livourne) et première liaison télégraphique (Florence – Pise). En 1847, Leopold II réunit Lucca au grand-duché, mettant fin à des siècles d'indépendance de la ville.

Les tensions s'exacerbent dans la péninsule italienne et l'on réclame la fondation d'un Etat italien. Des manifestations massives provoquent le départ de Leopold II en 1859. En 1865, Florence devient la première capitale de la nouvelle Italie indépendante, avant de passer la main en 1870. C'est que Rome a quelques prétentions, maintenant qu'elle s'est libérée de la tutelle papale. On vient de toutes parts contempler les charmes de la région. Les Britanniques sont envoûtés, et s'installent à Florence y goûter la douceur de vivre. On a là E. M. Forster, D. H. Lawrence et Oscar Wilde. En 1915, l'entrée en guerre de l'Italie a d'abord peu d'effet sur la Toscane et l'Ombrie, éloignées du front. Elles paient tout de même, et comme tout le pays, un lourd tribut humain. Ça ne s'arrange pas. En 1917, la situation n'est guère encourageante et l'on subit un rude hiver, d'autant plus qu'on n'a plus rien pour se chauffer. Le désarroi politique qui suit la fin des hostilités est inévitable. Dès 1920, les Chemises Noires de Benito Mussolini sont implantées à Florence qui devient, en moins de deux ans, un fief fasciste. La Toscane concentre l'un des plus forts taux de membres actifs inscrits au Parti. La violence fasciste prend de telles proportions dans la ville que Mussolini fait rappeler à l'ordre la section locale et met un frein au massacre.
Un nouvelle tragédie commence lorsque « Il Duce » décide d'entrer en guerre aux côtés de l'Allemagne. Presque aussitôt, des groupes de résistants commencent à opérer en Toscane ; les montagnes et les collines des environs servent souvent de cadre aux attaques des partisans et aux représailles allemandes. Pendant ce temps, les bombardements alliés endommagent sérieusement des villes côtieres comme Piombino et Livourne. Pise est aussi gravement touchée, comme en témoigne le Camposanto, alors que les raids aériens sur Florence restent, en comparaison, relativement limités.
Juin 1944. Les troupes de la France libre occupent l'île d'Elbe. Les forces alliées se rapprochent des lignes allemandes près de Florence. Le haut commandement allemand décide donc de faire sauter tous les ponts de la ville. Un seul sera épargné, le Ponte Vecchio. On prétend qu'Hitler serait derrière tout cela. Les Alliés pénètrent finalement dans la ville, alors que tombent Pise et Lucca. Il faudra attendre avril 1945 pour repousser les Allemands au-delà du Pô, et pour que l'Italie retrouve la paix.

Quant à l'histoire de 1945 à nos jours, ma foi, c'est ce que nos parents nous racontent toujours...