dimanche 30 avril 2006

Bryce, go home

Et tout cela s'achève donc. Périple à clore. Oui, mais il faut s'en retourner, alors.
Qu'à cela ne tienne ! On monte dans cette voiture grise et l'on repère sur la carte de notre guide un itinéraire plein de rectitude pour un retour d'une traite.
On joue un peu avec les jauges.
Puis, les heures passant, on multiplie les haltes, dans les Autogrill d'autostrade, où le café est express et l'essence assez chère. On passe la frontière au mitan de la nuit. Nice, vers une heure. Au large du Défend, vers 3. Nimes, enfin, vers 6.
Le jour se lève.
On va dormir un peu.

samedi 29 avril 2006

Quand Francesco se lève

Francesco, né en 1182 et fils d'un riche drapier d'Assise, passa une enfance dorée en rêvant de devenir chevalier. A 25 ans, il se lança dans la bataille contre Pérouse, la cité rivale, et à son retour à Assise, il se tourna peu à peu vers la religion.
Dans l'ancienne église de San Damiano, près d'Assise, il entendit la voix de Jésus lui enjoindre de la remettre en état, et il vendit alors une grande partie de la marchandise de son père pour financer les travaux. Quand son père le traîna devant l'évêque pour le punir, il retira tous ses vêtements et renonça définitivement aux biens terrestres et à son ancienne vie.

Il se mit alors à parcourir la campagne, vêtu d'une simple tunique, prêchant les vertus de la pauvreté, et clamant que l'on devrait le même respect aux lépreux qu'aux papes. François avait un contact privilégié avec les animaux et on raconte qu'il prêcha un jour devant des oiseaux, restés immobiles jusqu'à ce qu'il les autorise à s'envoler. Son mode de vie fit des émules, ce qui le poussa à fonder, quelques années plus tard, le premier ordre des Frati Minori, les « petits frères », qui prirent le nom de franciscains après sa mort. (Je fais une parenthèse, il y des chapitres très riches, et documentés, sur la question des frères mineurs face au pouvoir papal dans Le nom de la rose, d'Umberto Eco, pour les curieux opiniâtres.)
François vécut ses dernières années selon les préceptes de son ordre : pauvreté, chasteté et obéissance. En 1224, il reçut les stigmates, réalisant son rêve de partager la douleur du Christ en croix. Deux ans plus tard, il mourut à même le sol en terre de sa hutte (lieu étrange que celui de l'extinction d'un Saint. La dernière chapelle est sous dôme ; celui, cyclopéen, de la basilique de Santa Maria degli Angeli, à quelques kilomètres d'Assise), dans le respect de son voeu de pauvreté absolu.

vendredi 28 avril 2006

Sienne, Volterra, San Gimignano


Conduite, toujours, par-dela le Chianti, nous arrivons a Sienne, cauchemar du pilote fatigue. Il nous faudra errer dans ces ruelles pour, excedes par ce sentiment d'egarement, decider de sortir de la ville et dormir quelques heures dans la voiture. On avise les abords d'une basilique, qui a cette heure parait bien tranquille.
C'est sans compter sur l'irruption d'un moine qui, incredule, nous voit nous installer tant bien que mal dans notre vehicule :
- A trei en la machina ?
- Si...
- No posso.
Et de nous ouvrir la porte d'un cloitre ou nous pourrons nous reposer decemment.

Bonne nuit episcopale, donc.

Et au periple de se poursuivre : la Toscane a tant a offrir. Apres-midi entre soleil et averses a Volterra et San Gimignano, avant de piquer vers l'Ombrie, ou Perouse nous attend ce soir.



jeudi 27 avril 2006

Via Ghibellina

Donc, tout cela est très vieux. Des légendes étrusques et des mythes romains. Des chrétiens qui, par papauté, interviennent assez tôt.
Florence était il y a fort longtemps sous férule carolingienne, avant de basculer vers une indépendance bien plus profitable. Au XIIIe siècles, les cites-Etats de Pisa, Siena, Perugia et surtout Florentia s'enrichissent grâce au commerce, notamment des textiles, et aux activités bancaires.
Florence s'impose. Importante cité – l'une des plus prospères d'Europe. Et puis, ce sont les machinations politiques qui tourbillonnent et deux camps se dessinent : les gibelins, partisans de l'influence impériale, et les guelfes, alliés de la papauté. Tous dissimulent fort mal leurs querelles familiales, l'ambition personnelle et l'antagonisme de classe. Foin de noblesse idéologique, et l'on s'étripe par milliers. Les guelfes florentins tiennent Pise, Sienne et Arezzo.
Les cites ombriennes prennent aussi leur indépendance, et se servent des mêmes prétextes pour mener leurs guerres mercenaires. Elles se brûlent à ce jeu et se soumettent les unes après les autres au Pape. Une seule résistera : Pérouse.
En 1348, la peste noire ravage la péninsule. Florence est gravement touchée, et perd un gros tiers de sa population. Deux de ses plus grandes banques sont en faillite. Foin des catastrophes, et l'on retourne aux affaires. Trois ans plus tard, on s'empare de Prato et l'on achète Arezzo. On finit même par soumettre Pise.
1434. Il Vecchio, Cosimo de' Medici, chef d'une riche famille de banquier, prend le contrôle des territoires florentins, donnant le coup d'envoi du long et puissant règne de la dynastie des Médicis. Protecteur des arts, Cosme l'Ancien, favorise la révolution humaniste.
Que vive le Rinascimento !


On multiplie les universités et l'on se soucie moins de théologie. De l'est viennent de mystérieuses histoires de l'autre empire romain. Byzance s'éteint et ses trésors antiques parviennent jusqu'ici, en d'incessants voyages d'érudits orientaux. On tient concile en 1439, et les byzantins mi-goguenards, mi-fuyards, savent qu'ils peuvent se réfugier à Florence si les Turcs envahissent tout. Dans ces bagages venus de l'est, c'est toute l'antiquité qui resurgit, et l'art classique se voit capturé par le génie (sans disciplus simplex).
Petit-fils de Cosme, Lorenzo il Magnifico poursuit l'oeuvre de l'aïeul en étendant l'influence de la ville et en maintenant la suprématie dans le domaine artistique.

Entre-temps, l'Ombrie est décidément papale.

Etrange retour des choses. Excédée par tant d'excès et d'opulence, la population florentine chasse le Médicis et le remplace par un austère dominicain, Girolano Savonarola. Celui-ci, d'un bon coup de poignet, instaure sa république puritaine. Il ne tiendra pas long. Il brûle pour hérésie en 1498. On se dispute un peu la ville, mais les Espagnols ont du crédit. Ils soutiennent Julien, Médicis encore. Médicis qui partent de nouveau, sous les huées, en 1527. Ils repassent par-là en 1530, mais ne restent pas. 1537. Cosme Ier – pourquoi pas – arrive au pouvoir. Florence est un peu exsangue, face aux autres Etats-nations qui ont émergé sur la scène européenne. Ce souverain-là entend bien consolider le rôle de Florence dans une Italie en morceaux. En 1555, Florence se réjouit : Sienne, enfin, est tombée. Florence contrôle dorénavant toute la Toscane – mis à part Lucca et ses modestes possessions – et le pape consacre l'occasion : Cosme Ier est grand-duc de Toscane.


Curieux personnage, despote brutal et mécène des arts et des sciences. On lui doit les Uffizi qui regroupent l'ensemble des services gouvernementaux dans un bâtiment unique, plus facile à contrôler. Par ailleurs, il acquiert le Palazzo Pitti où il s'installe avec sa famille.
De la mort de Cosme Ier à celle du rustre dissolu Jean-Gaston de Médicis en 1737, les descendants de l'illustre famille continuent de régner sur la Toscane. Une longue période de déclin s'annonce. Quant à l'Ombrie, on l'oublie.
A Florence, la filiation de Cosme s'organise. Francois et Ferdinand Ier réussissent à maintenir les troubles. Ils construisent des hôpitaux et parviennent parfois à soulager la pauvreté. Plus tard, Cosme II accueille Galilée pour qu'il puisse poursuivre ses recherches sous protection.
Sous Cosme III, c'est austère, antisémite et bigot. Et ça dure, de 1642 à 1723. Baisse de la population, hausse des impôts. On attend de Jean-Gaston un sursaut, qui ne vient pas, et voilà la triste fin de la dynastie des Médicis, à sa mort en 1737. Six ans plus tard, c'est au tour de sa soeur Anna Maria, qui lègue tous les biens et collections d'art de la famille au grand duché de Toscane, à la condition qu'ils ne quittent jamais Florence.


Par la suite, l'Histoire s'édulcore. C'est l'Autriche qui mène la danse, avant que Napoléon ne débarque. Le Premier consul en fait la capitale du nouveau « royaume d'Etrurie », placé sous l'autorité bourbonne. Puis c'est la soeur, Elisa, qui en est grande duchesse. Puis encore la maison de Lorraine, avec le grand-duc Ferdinand III, fort populaire auprès des florentins. La Toscane est attirante : Shelley et Byron y font un tour, avant que tout n'accélère. 1840 : première ligne de chemin de fer longue distance (Florence – Pise – Livourne) et première liaison télégraphique (Florence – Pise). En 1847, Leopold II réunit Lucca au grand-duché, mettant fin à des siècles d'indépendance de la ville.


Les tensions s'exacerbent dans la péninsule italienne et l'on réclame la fondation d'un Etat italien. Des manifestations massives provoquent le départ de Leopold II en 1859. En 1865, Florence devient la première capitale de la nouvelle Italie indépendante, avant de passer la main en 1870. C'est que Rome a quelques prétentions, maintenant qu'elle s'est libérée de la tutelle papale. On vient de toutes parts contempler les charmes de la région. Les Britanniques sont envoûtés, et s'installent à Florence y goûter la douceur de vivre. On a là E. M. Forster, D. H. Lawrence et Oscar Wilde. En 1915, l'entrée en guerre de l'Italie a d'abord peu d'effet sur la Toscane et l'Ombrie, éloignées du front. Elles paient tout de même, et comme tout le pays, un lourd tribut humain. Ça ne s'arrange pas. En 1917, la situation n'est guère encourageante et l'on subit un rude hiver, d'autant plus qu'on n'a plus rien pour se chauffer. Le désarroi politique qui suit la fin des hostilités est inévitable. Dès 1920, les Chemises Noires de Benito Mussolini sont implantées à Florence qui devient, en moins de deux ans, un fief fasciste. La Toscane concentre l'un des plus forts taux de membres actifs inscrits au Parti. La violence fasciste prend de telles proportions dans la ville que Mussolini fait rappeler à l'ordre la section locale et met un frein au massacre.
Un nouvelle tragédie commence lorsque « Il Duce » décide d'entrer en guerre aux côtés de l'Allemagne. Presque aussitôt, des groupes de résistants commencent à opérer en Toscane ; les montagnes et les collines des environs servent souvent de cadre aux attaques des partisans et aux représailles allemandes. Pendant ce temps, les bombardements alliés endommagent sérieusement des villes côtieres comme Piombino et Livourne. Pise est aussi gravement touchée, comme en témoigne le Camposanto, alors que les raids aériens sur Florence restent, en comparaison, relativement limités.
Juin 1944. Les troupes de la France libre occupent l'île d'Elbe. Les forces alliées se rapprochent des lignes allemandes près de Florence. Le haut commandement allemand décide donc de faire sauter tous les ponts de la ville. Un seul sera épargné, le Ponte Vecchio. On prétend qu'Hitler serait derrière tout cela. Les Alliés pénètrent finalement dans la ville, alors que tombent Pise et Lucca. Il faudra attendre avril 1945 pour repousser les Allemands au-delà du Pô, et pour que l'Italie retrouve la paix.

Quant à l'histoire de 1945 à nos jours, ma foi, c'est ce que nos parents nous racontent toujours...

Façades de Florence : Palazzi

mercredi 26 avril 2006

Lucky Lucca


Halte rapide, brève escale. Lucca, sur la route de Florence, dissimule derrière ses remparts de nombreux trésors. On est quitte pour une marche dans ses ruelles, avant de rentrer plus avant dans la Toscane.

Torre Pendente

Lorsqu'en 1173, l'architecte Romano Pisano entreprit les travaux de construction en marbre du campanile de la cathédrale romane de Pise, il pensait avec les ambitions vénitiennes : il voyait par dessus l'épaule de Saint-Marc. Du monumental ? On contrôlait la Corse et la Sardaigne, et Gênes et Florence se tenaient à distance.
Du monumental.

Il ne se doutait probablement pas de l'instabilité du terrain..C'est que, situé à peine 2m au-dessus du niveau de la mer (où nous avons dormi Yen et moi, soit écrit en passant, dans cette ZX Citroën grise et passablement écornée, don de mon grand père et leg de mon oncle Pascal pour une durée indéterminée ; et la mer, donc, n'est pas loin de Pise) le sous-sol du Campo dei Miracoli n'offre pas le terrain idéal pour établir les fondations d'un édifice d'une telle hauteur. Mélange instable de couches de sable et d'argile, fragile.
Pisano venait tout juste d'entamer la construction quand le terrain commença à s'affaisser sous les fondations du côté sud. Cinq ans plus tard, au moment où les travaux furent interrompus, seuls trois étages étaient terminés, et la tour naissante avait déjà très nettement un petit air penché.
Un siècle plus tard. 1272. Une nouvelle équipe d'artisans et de maçons s'attaqua au problème. Ils tentèrent de consolider les fondations, sans réussir pour autant à redresser la tour. Ils décidèrent alors de reprendre les travaux et de compenser l'inclinaison en construisant tout droit, à la verticale, à partir des étages inférieurs, ce qui donnait une courbe légère, mais sensible, en forme de banane. Le clocheton prit place au sommet de la tour en 1370.
Jusqu'au XVIIIe siècle, la tour est restée stable et son inclinaison n'a pas semblé s'accentuer.


Durant les siècles suivants, la courbe ne résolut plus rien.

La tour pencha d'un millimètre de plus chaque année.
Millésime 1993 : 4,47m d'aplomb à la verticale, un petit cinq degrés. Tout de même.

Outre les problèmes liés à la position du sol, la structure elle-même est fragile. C'est un cylindre de marbre, avec, pour liant, un mélange de blocaille et de mortier, inégalement reparti.
On se concerte, et on ferme le site en 1990. Des ingénieurs prennent le soin de placer 1000 tonnes de lingots de plomb au pied de la base nord de la tour, pour compenser au sud. On cercle d'acier le deuxième étage pour éviter qu'il ne se dérobe.
Millésime 1995 : 4,495m. Tout de même.

En 1999, on pensa à des ancres hydrauliques qui viendrait supporter le troisième étage. Puis, méticuleusement, les ingénieurs retirèrent de la terre, avec parcimonie, sous les fondations nord.
70 tonnes de terre extraites plus tard, la base de la tour a retrouvé le niveau qu'elle avait au XVIIIe siècle.

Des experts disent : « On en a pour 300 ans, minimum. »

mardi 25 avril 2006

Autostrade

Juste pour la curiosite.
De Vintimiglia a Massa, quelle autoroute !
Donc, petits renseignements, que je suis alle chercher la (merci wiki).

Autostrade SpA est une société privée italienne qui construit et gère la plupart des autoroutes italiennes. C'est la société numéro 1 en Europe dans ce domaine.

Le groupe Autostrade se positionne à la première place en Europe parmi les concessionnaires de construction et de gestion d'autoroutes à péage et des services connexes de mobilité. En Italie, environ 4 millions de voyageurs transitent sur son réseau (8 % de la population) qui s'étend sur 3 408 km.


En 1950, l'IRI fonde la société Autostrade Concessioni e Costruzioni S.p.A.,

En 1956, première convention entre Autostrade et Anas pour la construction de la principale artère italienne, entre nord et sud, l'Autoroute du Soleil (A1, Milan-Naples)

En 1963, Autostrade lance le premier “Eurobond” émis en Europe

En 1964, inuaguration de l'Autoroute du Soleil

En 1982, se constitie le groupe Autostrade, qui gère un réseau de plus de 2 600 km

En 1987, Autostrade Concessioni e Costruzioni S.p.A. est côtée à la Bourse (Borsa Italiana S.p.A.), dans le Mib30

En 1990, la société introduit le premier système de péage dynamique au monde, le Telepass, qui compte aujourd'hui 4 millions d'usagers (50 % du marché européen)

En 1992, Autostrade participe au premier projet d'autoroutes à péage du Royaume-Uni, la M6 Toll de Birmingham (entrée en service en 2003),

En 1995, Autostrade réalise la première autoroute à péage financée avec des ressources privées aux États-Unis, la Dulles Greenway, en Virginie.

En 1999, Autostrade est privatisée.

En 2002, Autostrade s'adjuge la concession décennale du gouvernement autrichien pour la construction et la gestion du premier système de paiement multilane (plusieurs voies) free-flow (sans arrêt) pour les 2 000 km de routes et d'autoroutes. Les seuls autres cas de multilane existent à Toronto et à Melbourne sur une échelle nettement plus limitée (moins de 100 km). Le système fonctionne depuis le 1er janvier 2004.

Un Prince papote-t-il ?

Monaco ruisselle.
Il fait bien sûr beau sur la principauté. Notre véhicule, qui nous stigmatise d'emblée comme des parias qui viennent là pour y rôtir gratis, a tôt fait de se retrouver au quatrième sous-sol d'un parking où même les murs portent des éraflures de marque.
Sitôt à pied d'oeuvre, on flâne. Il n'y a visiblement que cela à faire. D'abord, le palais princier sur sa butte, puis la cathédrale où reposent les couronnes. Rainier a retrouvé Grace, mais il n'y a plus de place dans le chœur pour y accueillir une autre dépouille : les prochains souverains se feront enterrer ailleurs.
On se dirige ensuite vers le casino, où les bolides rouges et noirs vrombissent de concert, sur le palier de l'Hôtel de Paris. On entre, subrepticement, dans le bâtiment où se jouent les fortunes. La nôtre, finalement, sera d'être refoulé à l'entrée. C'est qu'il est si difficile d'apercevoir ce qui se trame derrière le décor monégasque. Que font les gens d'ici ? Travaillent-ils ? Ont-ils la peau tannée par une oisiveté ultraviolette ? Se reposent-ils de leur vacance à vie ?
Mystère.

Et nous reprenons la route, parce que c'est d'Italie dont nous voudrions voir les secrets.

lundi 24 avril 2006

Dormir sur ses deux oreilles a Menton

Et donc, sis au surplomb du bourg frontalier, une auberge de jeunesse à l'accueil douceureux. Une pizza avalée en bord de panorama. Une bonne nuit de sommeil qui augure d'un voyage apaisé. Jour premier, voilà la fin qui s'annonce. Bah, et les autres qui vont se suivre, comment seront-ils ?

De beaux rêves, faites, faites.

A Nice walk of fame


Nice, ou Brice et Yen déambulent un temps.
Une fin d'après midi venteuse et sous le soleil.
La vieille ville, bien sûr. Et une promenade galets aux pieds.


Cannes, premier jour.



Façades de Nice

mardi 4 avril 2006

Train Bleu

Écrire à l'aide d'un ordinateur portable dans un train : voilà qui ne m'était jamais arrivé. J'ai en tête ce personnage des Poupées Russes, interprété par Romain Duris, qui partage son temps entre Paris et Londres et qui écrit tout un roman dans les toilettes de l'Eurostar. Je n'en ferai pas tant ; seulement quelques lignes pour le plaisir de taper un clavier, bercé par le roulement du train. Pas de quoi pavoiser : je ne fais qu'un aller simple pour Paris, suite à un projet longtemps remis à plus tard. Je vois d'ailleurs au temps qu'il fait par ici qu'on se rapproche de la destination : il pleut, comme toujours lorsqu'on arrive dans la capitale. C'est à croire que les TGV n'arrivent en gare que ruisselants, essoufflés par l'effort de monter à Paris.



J'ai à y faire, mais je ne sais pas encore par quoi commencer. Cela va être, tout d'abord, la cohue métropolitaine, le dédale des couloirs émaillés, les portillons coincés, les correspondances hasardeuses. Ensuite, une réunion arrosée avec quelques amis, pour dresser un plan d'action des jours qui vont suivre. Enregistrer de la musique du côté des Gobelins, rédiger un mémoire sino-nippo-coréen à proximité de Saint-Denis, visiter des chantiers avec un scénariste catastrophe, et davantage encore.
Pour l'heure, c'est la fenêtre : des bois encore frileux de l'hiver finissant, puis la plaine de la Beauce. Défilement bien rapide, dans ce train où peu de passagers daignent encore jeter un œil par delà les carreaux. On préfère lire en somnolant, tout en répondant de temps à autre aux injonctions du téléphone. On empile des magazines qu'on a eu vaguement le temps de survoler. Certains s'ennuient, peut-être.
J'ai quitté Yen à la gare de Nîmes. Nous commençons à savoir sourire de ces quais de gare qui parfois nous séparent. C'est à celui ou celle qui sera dans le train, et à l'autre qui le voit partir. C'est à cette main agitée dans le vide, qui se souvient encore des étreintes passées, et qui s'impatiente déjà de celles à venir. Yen est restée à Nîmes pour études. Ah, ces chères études, auxquelles je me raccroche pour la forme. Mais c'est à croire que je n'écris plus pour l'université. À moins qu'elle ne se satisfasse de ces morceaux épars et romanesques qui ne constituent en aucun cas une trame solide, un corpus, un traité, un essai. Tout au plus des parts d'errance, des extraits publiés sur internet, bits and pieces comme on me l'a dit parfois.

Et pourtant. Pourtant il y en aurait à écrire, sur ces problèmes de langues auxquels je feins de m'intéresser. Mais on verra plus tard.