vendredi 29 juin 2007

Perspectivisme



Où, donc, l'on voit deux ou trois photos, comme cela, posées là sans trop de cohésion, ou bien alors si, mais seule l'imagination peut extraire de leur combinaison un petit quelque chose, un embryon d'histoire, pour peu qu'on le veuille vraiment.

jeudi 28 juin 2007

De la bétonneuse


C'est qu'on en fait, des sorties à motocyclette au hasard des quartiers, avec cette préoccupation toute futile de se projeter dans un futur où la ville ne sera plus celle qu'elle est maintenant, avec ses rues défoncées, ces maisons aux façades bigarrées qui se disputent l'alignement approximatif en trottoirs qui n'en sont pas vraiment.
On voit partout des chantiers crever le sol, pour y batir une tour, un métro, un tunnel, et tout est provisoire. Il y aura un après, oui, mais qu'en sera-t-il ? Ho Chi Minh-ville ressemblera peut-être à ces villes chinoises qui n'en peuvent plus de pousser, encerclées qu'elles sont de ces autoroutes urbaines où l'on se bat à coup de klaxon, serties de buildings scintillants sous un soleil toujours voilé. Projection dans ce futur car, année apres année, on constate cette velléité de casser pour refaire en mieux, le mieux étant cette expression toute superficielle du net, du net bétonné, du net en verre ou en inox, enfin, du passé faisont table rase. Et, d'ailleurs, on rase gratis, pour peu qu'il y ait mieux à refaire.
Interrogation toute vide d'intérêt, somme toute, car c'est dans le jeu du retour par intermittence que l'on peut saisir à quel point les choses urbaines changent. Ici Saigon, plus loin Osaka ou bien Lyon, c'est une succession de surprises, mais, passé le temps de l'étonnement, voila une strate de plus dans l'existence d'une ville, et de son observateur, qui s'oublie, recouverte à présent, à recouvrir encore.


Alors on continue la balade, d'une ville à l'autre, la même ou bien une autre, dans ce ressac permanent qu'est la vie mi-sédentaire mi-nomade qui est la nôtre.

mercredi 27 juin 2007

Près de Tran Quang Khai

Appartement vétuste.
Hautes pièces.
Départ prochain du locataire.

lundi 25 juin 2007

Marchand de sable

Sieste, donc, tant attendue après une longue promenade sous-marine.
Seul le photographe, pour une raison inconnue, erre sur le pont.
L'occasion de saisir ces visages et ces corps figés, cependant que roule le bateau sur les vagues tranquilles.




Ex Mons Belenus ? A Nha Trang ?

C'est F. qui m'a convaincu. Il n'a pas eu grand mal, il faut dire. Mais tout de même, quitter Saigon, prendre un avion, puis un bus, puis une moto, puis un bateau, c'est, en si peu de temps, un tour de force.
Enfin.
F. me confie sa passion de la plongée, qu'il partage avec sa compagne, I., et J., bien sûr, J. le boss, à la gouaille tour à tour enjoleuse et rocailleuse. Nous partons pour deux jours à explorer les fonds au large de Nha Trang.
Ces journées commencent tôt, au port, quand nous larguons les amarres à l'aube, pour aller se cacher derrière quelque ilot lointain en bout de baie. Sur le bateau - le Mont Saint Michel, hommage aux racines mi-bretonne mi-normande de J. - c'est une routine.
Ecosser les haricots, faire bouillir l'eau, vérifier la pression des bouteilles, en mouvements lents, pesés, comme pour conjurer ce qui va suivre, l'immersion, le manque de pesanteur.

On enfile des combinaisons, des palmes, des masques. On serre des courroies, des tuyaux. On jauge.
Et puis on plonge.

Le matin s'oublie sous l'eau, et ce n'est que quand on émerge de nouveau, plus tard, que l'on mesure le temps passé à la surface. Manifestement, ce n'est pas le même. Il est plus tardif, il pèse plus lourd. Il nous berce et nous endort bien vite, alors que le bateau prend le chemin de la terre.

De cela, je puis témoigner, mais ce sera au billet suivant.

Halo...

Cagibi vide. Néon. Neant.

dimanche 24 juin 2007

Perle peut-être...

Au large, une île, grande, montagneuse. Sur l'un des versants, de gigantesques lettres épellent VINPEARL, en hommage hollywoodien au goût pour le superbe et le clinquant.
En deçà, des constructions modernes figurent un parc d'attraction récemment mis en service, que les touristes de passage évitent encore, par méfiance à l'égard d'un endroit ostensiblement artificiel.
Vinpearl, donc, fleuron des resorts du Vietnam moderne, veut son quart d'heure de gloire.

Nous passons, ignorants de ses attraits, sous les câbles du télécabine qui y mène en traversant la baie, chaque matin sur notre bateau. Nous prenons le large, pour sûr, car la plongée en eau claire se fait ailleurs, loin des sirènes du tourisme de masse.

samedi 23 juin 2007

Cônes de sable, cônes de riz



Après-midi sous le plomb du ciel.
Deux photos, distantes.

De Po Nagar à Madonna


C'est une baie, parmi les plus belles du pays. On imagine sans peine le mouillage des joncques qui, de la Chine, du Tonkin ou de Cochinchine, cabotaient sur ces routes maritimes immuables.
Le paysage est franc : d'un côté, une longue plage bordée d'îles où se dissimuler, de l'autre, une plaine maraîchère que viennent couper les premiers contreforts de la cordillière annamitique.
Le royaume du Champa y fit construire une citadelle il y a fort longtemps, pour y garder ces routes que le commerce entre sud et nord faisait prospérer. Puis, au hasard des renversements dynastiques, les Chams périclitèrent, et la ville de Khautara changea de nom et de souverain. Désormais sous la houlette des seigneurs de Hue, on rebaptisa la baie du nom de Nha Trang, et l'on poursuivit le négoce à coup de cargaisons de poissons, d'étoffes, de métaux.

Ce n'est que bien plus tard qu'un médecin franco-suisse y élit domicile et fit rayonner la réputation de cette ville balnéaire. C'est que l'on doit à Alexandre Émile John Yersin plus que la découverte du bacille de la yersinia pestis. Il installe sur le front de mer l'Institut Pasteur d'Indochine et se lance corps et âme dans la recherche pour éradiquer le virus de la peste bubonique, encore virulent dans la péninsule.

L'identification de Nha Trang à Yersin est encore aujourd'hui prégnante. Au delà de l'honneur toponymique de porter le nom d'une rue (à l'instar de Pasteur, Curie et Calmette), Ong Nam ("Monsieur Cinq" comme le nommèrent, moqueurs, les habitants) supporte toujours une certaine paternité sur le devenir de la ville. C'est un centre maritime célèbre pour son institut de recherche océanographique et pour sa garnison de marins.

Nha Trang revêt cependant aujourd'hui un intérêt majeur pour le tourisme vietnamien. Elle offre tous les avantages d'une station balnéaire asiatique, et ses visiteurs, nombreux, en vantent les charmes avec bonhomie.

jeudi 21 juin 2007

Back into pix

Alors, après de longues et infructueuses recherches dans toutes les échoppes photos de la ville, voilà qu'enfin je retrouve une boîte à image qui me sied.
Toujours la même, d'ailleurs...
On va donc pouvoir s'y remettre : panoramiques, photomontages, clichés couleurs ou noir et blanc.

Rien que pour vos yeux !

mercredi 20 juin 2007

Contingent historique

Il y a, dans la visite du président Triet à Washington, plus qu'un séjour d'agrément pour favoriser la coopération commerciale entre les U.S. et le Vietnam.
Bien sûr, la presse occidentale met l'accent sur la volonté de l'administration Bush de sermoner encore et toujours ces régimes autoritaires qui font fi du respect accordé à l'opposition politique, mais l'équipe gouvernementale vietnamienne a de quoi rétorquer sur un dossier grave et ancien : c'est en effet au cours de ces journées que doit être prononcée par la cour d'appel de New York la validité des procédures visant à l'indémnité des victimes civiles de l'Agent Orange. Point d'aboutissement de la plainte déposée par les victimes vietnamiennes de ce défoliant létal, après des années d'échéances repoussées.

Alors, qui de Triet ou de Bush aura le dernier mot ?
A suivre...

jeudi 14 juin 2007

Vers l'ouest ?

Parti sur un coup de tête, avec pour seule compagnie cette Honda Cub qui me sert de fidèle monture, qui ne renâcle pas devant ces expéditions solitaires qui nous mènent d'un bout à l'autre de la ville, de la ville sans limite, au Sud ou bien au Nord, quand on constate son étendue arrondissement par arrondissement, en se disant qu'on arrivera bien à se retrouver à la campagne, si l'on continue tout droit pendant assez longtemps. Mais ce moment n'arrive pas, car il faut toujours qu'un demi-tour se fasse, au hasard de l'heure ou du temps qui se gate.
J'ai suivi le cours du Ben Nghe, cet arroyo noirâtre qui ne coule pas beaucoup, mais qui assure la séparation des quartiers déshérités du coté de l'ouest. On ne peut plus vraiment le voir, ce cours d'eau sale, parce qu'il est enceint d'une palissade tout du long, au-dessus de laquelle on voit parfois se soulever le bras articulé d'un bulldozer ou d'une grue, en un chantier secret et durable. J'aime suivre le Ben Nghe, parce que ce sont de vieux repères, des endroits où je viens me perdre assez régulièrement, année après année, pour voir si les vieilles bâtisses du temps jadis sont encore debouts, ou si les compartiments qui faisaient la gloire de Cho Lon ne sont plus qu'un souvenir.
J'ai pris mon appareil photo, cette petite chose compacte qui fait davantage office de boîte à images, quelles qu'elles soient, quelles qu'elles puissent être prises, avec soin ou bien à la volée, comme cela, sans même s'arrêter pour saisir un cadre.
Oh, je me suis arreté quelquefois, bien sur. Il y a dans l'atmosphere d'un chantier toute l'impermanence du monde ; il y a aussi cette sourde volonté d'apporter un témoignage de la fugacité du lieu, des gens, du temps.
Alors, j'en étais la de mes photos en me disant que peut-être j'allais aller plus loin aujourd'hui que d'habitude, que j'allais découvrir un lieu hors carte, et tout à coup l'orage a crevé le ciel, je me suis retourné, déjà trempé, et il fallait bien trouver un abri, ou acheter pour deux sous ces capes de pluie à usage unique que l'on vend au bord des routes aux motocyclistes imprévoyants.

Je m'arrête, moteur tournant, et je me glisse tant bien que mal dans cette capote géante, quand je m'avise que mon appareil, laissé dans ma poche, risque de prendre l'eau. Je veux le mettre à couvert, et, sans bien regarder, pense l'avoir bien déposé dans ma besace dans mon dos. Geste funeste, je le saurai plus tard quand, de ma besace je ne trouve plus l'appareil en question, qui a dû tomber lamentablement par terre quelque part.

C'est à ce moment, où l'on s'en veut d'une telle maladresse, que reviennent ces images prises dans la petite boîte et que l'on ne reverra pas. Où l'on regrette deja, fantasmant sur la qualité intrinsèque de ces clichés perdus. Où l'on soupire longtemps, sans trop savoir quoi faire : repartir, chercher, refaire l'itinéraire, compter sur un hasard bienveillant qui ne vous en veut pas. Ou bien alors, rester à ruminer sa stupidité chronique, devant tant de distraction.

En tout état de cause, donc, plus de photos pour un temps.

Mais je ne sais pas encore combien de temps ce manque d'expression imagée me portera préjudice, et je me soupçonne de ne pas pouvoir attendre très longtemps.

Ami lecteur, tu auras d'autres images bientôt. Je me le promets.

mardi 12 juin 2007

Câblopération

Appât du gain, quand tu nous tiens...
Mais de la à court-circuiter la moitié des réseaux de communication vietnamiens en un coup de tenaille !
Les pêcheurs de Vung Tau croyaient sûrement bien faire. On leur avait dit : tous ces vieux câbles sous marins qui partent au large et qui ne servent plus, vous pouvez les récupérer et les recycler (Il y a en effet de nombreux kilomètres de câbles déposés là par les Français et les Américains durant la seconde moitié du XXe siecle pour assurer les communications internationales via Singapour ou Hong Kong. Câbles hors d'usages, remplacés depuis.)
Mais les pêcheurs, mus par un zèle inopportun, ont recupéré tous les câbles, même ceux qui assurent aujourd'hui les communications entre les pays du Sud-Est asiatique.
Gros couac, qui risque de coûter fort cher à réparer, d'autant que Singapour a déjà porté plainte contre le gouvernement de Ha Noi...

Ah, le haut-débit en basses eaux...

NB : vous pouvez en apprendre plus ici.

dimanche 10 juin 2007

Moonlight shadow


Retour sous la lune de Mui Ne, juste pour le plaisir....


vendredi 8 juin 2007

Du cote d'An Phu

C'est le soir, quand le trafic s'étiole un peu, et qu'on peut traverser la rivière sans trop attendre.
S. nous a prévenu, c'est un peu en dehors de la ville, là où les maisons se font plus éparses, là aussi où l'on construit maintenant des tours d'habitations qui s'érigent en groupes de quatre ou six, parfois davantage, au gré des finances des promoteurs.
On tatonne un peu, le long de ces rues nouvelles éclairées ça et là, et puis on finit par tomber sur l'édifice. Une dizaine d'étages, la plupart éteints parce qu'encore inoccupés.
On descend la rampe qui mene au garage pour y parquer la motocyclette, sous l'oeil torve d'un jeune gardien qui s'intéresse manifestement plus au score d'un match de foot, sur l'écran de sa petite télé posée sur une chaise dans un coin du sous-sol.
Et puis on tatonne encore, pour trouver un escalier ou un ascenseur. Ce n'est pas facile. Les architectes ont dû penser que, peut-etre, il fallait faire un jeu de la recherche d'un hall d'immeuble.
On trouve à la voix, celle d'un autre gardien qui, lorsqu'il nous voit, se dresse et nous demande une patente, que nous n'avons pas. Nous avons mieux : une incompréhension feinte, un air abruti, et une patience à toute épreuve devant ce genre de chose.
Lui a des épaules qui finissent par se hausser d'elles-mêmes, et nous nous engouffrons dans un ascenseur, pour, enfin, parvenir sur le palier de S., qui nous ouvre, toute transpirante de sa journée enfin terminée.
Il fait chaud. Le dixième étage n'arrange pas les choses, mais nous prenons le chemin de la terrasse - quel confort !- pour nous rafraîchir sous une brise imaginaire autant qu'imaginée. Cela fait du bien. On sourcille un peu devant l'étrangeté de la situation : être dans un appartement, au Vietnam, cela relève encore de l'extraordinaire. Cela va changer. S. nous raconte. Les occupants sont pour la plupart des victimes d'expropriations qui ont bénéficié de conditions d'achats préférentielles. On passe sur les conditions d'expropriations.
Le bâtiment est sain, mais on ne sait jamais pour combien de temps. On profite de la soirée, on évoque toutes sortes de souvenirs. On laisse à la nuit le soin de nous faire oublier l'heure.
Il est tard et nous rentrerons plus tard encore.

mardi 5 juin 2007

Mobilier minimal

Chambre sans vue, le soir ou le matin, on ne saurait dire...

samedi 2 juin 2007

Vietnam riviera

Le bus affrété nous dépose enfin. Passé le village de Mui Ne, nous n'espérions plus qu'en une halte soudaine, quelque part au bord de l'eau.
Toute la troupe descend et, en pagaille, prend possession des lieux. Il y a déjà foule, dans cet hôtel mi-camping mi-cantine, qu'une voix désincarnée sortie d'un haut parleur exhorte de temps à autre à se baigner ou bien à boire.
On occupera tout un pan de bâtiment, devant la plage où s'ébattent de nombreux groupes de jeunes étudiants, venus là pour s'aérer de la touffeur de Saigon. Au programme, repas de fruits de mer, bières, baignades et siestes, dans n'importe quel ordre. L'ambiance est à la kermesse, à la fois spontanée et en même temps un peu subie, comme une procession touristique où le désordre est toléré parce consubstantiel du lieu. Qu'on ne se fie pas trop à l'apparente débauche, cela est au programme, comme l'horaire du bain et la balade dans les dunes.
On reste là un jour ou deux, à goûter toutes sortes de coquillages, et à plonger de temps à autre dans l'eau trop chaude des tropiques.
Et puis bien sûr, on s'en retourne content, repu de sel et de sable, vers la ville et ses orages.

Restoroute


Cantine cyclopéenne sur la route nationale 1. Tout ce que le ruban d'asphalte compte de bus touristiques vient y décharger sa cargaison en cohortes de casquettes multicolores, menées tambour battant se sustenter d'un bol de nouilles. On y reste juste le temps de quelques lampées, et puis hop, le voyage continue, direction Mui Ne.

vendredi 1 juin 2007

Saigon moves

Visite, tôt le matin, du salon de l'immobilier de la municipalité de Saigon, qui prend des allures de métropole avide de verticalité, de verre et d'acier en de modernes façades d'immeubles de bureaux pour financiers post-crise. On ne s'y presse pas trop, et cela permet de faire un tour rapide des stands où l'on se dispute le titre de la maquette la plus ostensiblement clinquante. Projets futurs qui, pour la plupart, ne verront jamais le jour, mais qui dressent le portrait d'une ville fantasmée par la nomenclatura sud-vietnamienne.
J'apprends ainsi que le principal exercice des quelques visiteurs qui prennent moult rapports et prospectus est purement spéculatif : on achète ici la promesse que les terrains prendront de la valeur, quelque soit le bâti que l'on y construira.
Alors on regarde ces maquettes d'un autre oeil, comme autant de jouets à l'usage de ces nantis qui ne comptent pas les étages ou la valeur supposée d'un mètre carré.
Cela rappelle, en beaucoup plus modeste, ces expositions chinoises dépeintes par Ji Le ici et , sans le côté martial de la situation.