mercredi 24 octobre 2007

Shuten de gozaimasu

Ce sont les trains que je prends tous les jours. Ils sont au Kansai ce que la Yamanote est à Tokyo : un réseau de lignes convergentes, d'où l'on part et où l'on va, partout, d'Umeda à Sannomiya, de Juso à Kawaramachi, de Minoo à Takarazuka. On peut ainsi voir glisser le paysage à travers les stores métalliques, bien assis sur ces banquettes de velours vert émeraude, tandis que, de loin en loin, une autre rame couleur lie-de-vin croise la nôtre.

Ah, les trains Hankyu ! Wagons classiques, l'air d'être sortis d'un autre siècle, ils sont révérés par les innombrables amateurs de transports ferroviaires, qui, au Japon, ont fort à faire. C'est que ces trains-là ont une histoire longue et pleine de ces péripéties qui font une épopée. Cela commence vers Minoo, bourgade à flanc de montagne, qui, avec Takarazuka - la colline des trésors - souhaite se relier à Osaka, alors gueulante de commerces et de trafics. On est en 1910, et le train fascine à bon droit les Nippons avides de technologies, de mécaniques, de bruits de fer et de bois. Succès immédiat : les riches aristocrates des hautes pentes du Kansai plébiscitent le rail, et en demandent davantage.


Ce sera, huit ans plus tard, la ligne Juso-Kobe, via Ashiya et Shukugawa, et le réseau, auparavant appelé Minoo Arima Electric Tramway Company devient la Hanshin Kyuko Railway Company, communément nommée Hankyu. La suite n'est plus que multiplication de lignes, alliances de compagnies privées, bref, le commun d'une économie en plein essort, qui construit à tour de bras toutes ces lignes qui joignent Kyoto, Kobe, Osaka, Nara, enfin, tout ce que le Kansai compte de villes, de banlieues, de lieux où l'on offre et où l'on demande.

Histoire d'expansion, donc, d'aiguillages et de terminus, si bien que, bien des années plus tard, le nom Hankyu se voit apposé non seulement sur des trains, mais aussi des hôtels, des grands magasins, des immeubles de rapport ; et que l'on voudrait bien démêler l'écheveau de ce qui est bien un train Hankyu d'un autre, qu'il soit Hanshin ou Keihan. Mais qu'on se rassure : s'il est à l'heure, vide ou bien bondé, avec cet air faux-vieux qui lui sied bien, et ses banquettes vertes de velours tant écrasé, c'est que, oui, vous êtes sur la Hankyu.

2 commentaires:

Thomas Bertrand a dit…

Merci, je ne connaissais pas cette histoire de la Hankyu.

Depuis quelques mois, je prends la JR. J'ai le choix. C'est plus cher, mais le soir, c'est beaucoup plus rapide pour rentrer à Muko.

Bien qu'Hankyu, et ses department stores aient une image bourgeoise, je trouve une grande différence entre la population qui l'emprunte et celle qui utilise la JR.

Est-ce une question de prix ? Une différence de loyer aux abords des gares desservies ? La Hankyu, surtout le soir, est plus populaire, plus bruyante.

Bui Doi a dit…

Cela depend des lignes je pense. En terme de marquage social, la difference de publics entre Hankyu, JR et Hanshin est patente sur le troncon Juso-Sannomiya. Les plus riches sont desservis par Hankyu, qui est la ligne la plus haute sur les versants de Rokko. A l'inverse, Hanshin, au plus pres du littoral, donc des usines, dessert une population ouvriere (et/ou amateur de baseball)...