– Tu sèches ?
– Je marine.
– Tu patauges. Tu t’enlises. Tu t'enfonces. Tu pèches par manque de profondeur. Allez, fais voir ton parchemin là. Regarde-le bien réfléchir, le bolloss des belles lettres, rabaisse ton dossier, relève ta tablette, masque tes coquillards et laisse le charme agir. Ah... Elles sont où, mes bésicles ?
しょうがない. Ouep, voudrais bien roupiller un peu. Mais bon, classé sardine – rotules écrasées, café bouillu, plateau repas épongé – encore deux heures à tuer, et lui qui me bassine depuis notre escale à Canton. Ne me reste qu’a maugréer en regardant par le hublot s’effilocher les nuages et mes souvenirs du Japon, avant notre descente sur Đà Nẵng. Lui, plongé dans son déchiffrement, comiquement inspiré, me laisse enfin la paix. Je peux bien lui laisser ça. Je sais bien que sous ses airs empruntés et risiblement studieux nous ne volerons pas bien haut, mais son latin de catéchisme pourrait bien nous servir.
Après un soupir et quelques turbulences, le coucou commence à piquer du nez. On nous crachote en sabir des cabines pressurisées que le temps est à l’heure, que sur ces basses terres du centre Việt Nam il est au beau fixe, qu’il y fait très chaud, très humide, et qu’on se doit de faire bon séjour, mais en gardant ceintures attachées, dos bien droit et gosier sec. De gentes et sveltes damoiselles en tunique de soie viennent admonester les derniers ronfleurs de bien revenir parmi nous, sur quoi les trains font un atterrissage sans rebondissement. Bref, un vol sans histoire.
– « A fragmento… Paulo accepit frater … barbatos videtis, de sanctuario … loca deae, quae per elapsum est terminus sursum in manibus Caeraris Annam ...», c’est tout ce que j’ai saisi de tes pattes de mouches. Ton papelard est illisible, je conjecture, et, nihil reflectitur, abstiens-toi, n’ergote pas. T’as un Gaffiot sous le coude ? Non ? Donc ferme ton clapet et trouve-nous un hôtel fissa, avant qu’on se répande sur ce foutu tarmac.
– Me pieuter, seul, sous un ventilo, pour une ronflette tranquille. Toi, tu gères l’intendance. Fin limier que tu es, tu nous ferreras bien une prise, menu fretin ou gros poiscaille, de quoi nous emmener jusqu’au prochain chapitre. Allez, hisse haut, jeune loup des mers de Chine, et laisse roupiller la capitainerie !
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