言い伝えによれば、彼は江戸幕府の外国貿易禁止令に従って日本へ帰国する事になったが、彼はホイアンの恋人に会いたくてホイアンに戻ろうとして倒れた。
この彼の墓は母国の方向、北東 10 度を向いている。
この遺跡は 17 世紀にホイアンが商業港として繁栄していた当時、日本の貿易商人と当地の市民との関係が大変友好的であった事の証しである。
- Belle stèle… Je te décrypte ?
- Balance.
- J’enjolive alors… « Ci-gît, depuis 1647, Yajirobei Tani, commerçant japonais. Selon la légende, il reprit la route du Soleil-Levant, obéissant ainsi au diktat du Shogunat d’Edo qui proscrivit toutes relations commerciales avec le monde extérieur. Il tenta néanmoins de revenir à Hội An, n’ayant jamais pu oublier les charmes de son amante. Sa tombe fait face à son pays natal, orientée à 10 degrés vers le Nord-Est. Ce site témoigne de la relation profondément amicale entre les négociants japonais et les citoyens locaux lorsque Hội An était, mi-17ème siècle, un comptoir prospère et florissant. »
- L’a donc tenu parole, le Omi.
- Faut croire...
- Mais clamsé depuis quatre siècles et demi ! Y a plus que du rhizome, là, sous nos pieds. Et si l’on en croit la jactance du Francisco, le gonze prend les voiles et se fait la malle pendant treize longues années avant de reparaître pour être enseveli sous cette cocasse sépulture, perdue au milieu des rizières. Il a foutu quoi pendant tout ce temps not’ Tani ? Et sa louloute ? S’est fait poudroyer et verdoyer la pilule façon Sœur Anne en soupirant son sigisbée ?
- Sais pas, mais si lui bouffe des racines de jacinthe d’eau tout seul depuis tout ce temps, elle doit bien brouter son gazon quelque part... Il a bravé le Sakoku, pour les beaux yeux d’une jouvencelle, comme le prétend ce cippe-là, et il a touché terre. Ce qu’il se jurait de rapporter est donc aussi en pays d’Annam. On peut supputer que…
La tombe est belle et bien pittoresque, et belle et bien perdue au milieu du vert ondoyant des pousses de riz prêtes à la récolte. Quelques cônes de pailles surgissent çà et là au milieu des parcelles, laissant deviner de minces silhouettes à l’ouvrage, fines et recourbées. Le vent joue sa partition à merveille, faisant valser jusquiames, bambous et palmiers. Nous rebroussons l’étroit chemin pour retrouver Hội An, ses ruelles ocre et brunes, ses volets vermoulus, ses tamariniers, et ses gazelles en vélo toute de áo dài blanc vêtues.
« C’est bon, tu l’as jaspiné, ta carte postale ? Faut qu’on se sustente presto, nouilles et binouzes, et qu’on devise. Tes camelots nippons ont pris poudre et escampette, convient donc de se renseigner auprès de leurs épigones, qui, si ma caboche tourne encore rond, sont leurs poteaux boutiquiers du continent. A en croire notre petite balade jusqu’ici, la bourgade ne manque pas de chinoiseries, et de pagodes à leur souvenance. Voilà. Tu me termines ta roteuse cul-sec, et on se pointe là-bas pour y tirer des vers, nez à nez avec du vieux sage barbichu aux ongles aussi longs que leurs salamalecs. C’est cliché, je sais. Capisce ? »
Je le crois un peu à cran. La chaleur sans doute, qui tape. Et notre enquête qui patine.
C’est d’abord une porte, massive et vieille, qui s’ouvre sur une cour pavée ornée de lourdes jarres à l’email craquelé. Quelques bancs, quelques badauds qui s’éventent à l’ombre d’un banian. Un premier vestibule, aux piliers de bois noir, supporte un toit de tuiles moussues. On peut lire, dans un cadre ouvragé, le nom du temple, « 明鄉萃先堂 », érigé à la mémoire des aïeux Minh Hương, dont nous cherchons, matois, un digne et arthritique représentant.
C’est en pénétrant plus avant dans l’enceinte de la cour d’honneur, sous les émanations de myriades de bâtonnets d’encens, que nous prenons la mesure du problème : ils sont légion, ces patriarches chenus et voûtés. Recroquevillés sur leur coussin de prière, l’œil aux aguets, et la canne à portée, ils psalmodient en chœur les sutras ancestraux.
Pas de quoi trublionner sans vergogne, mais plutôt de s’asseoir en tailleur, discrètement, sur un bas-côté et faire mine d’être charmé par ces circonlocutions envoûtantes. Parmi tous ces aînés, nous en avisons un qui semble plus agité que les autres, habité semble-t-il d’une tremblote mystique. Fiévreux, le voilà qui lève les bras au ciel, pantelant, avant de se prosterner plus bas que terre.
« Oh, lui, c’est un des vieux Khổng ! C’est pour ça qu’il est comme ça, à faire tout son cirque ! Mais il est gentil, vous savez, sinon. Suivez-moi, suivez-moi, chez ma tante, elle est tout près ! Allez ! Tante Phương, c’est la meilleure tailleuse de la ville ! Dernières modes, costumes pas chers et robes pour les dames ! Elle pourra vous en raconter plein, des histoires chinoises, si vous restez pour les essayages. Allez, c’est par là, c’est pas loin ! »
Il est tout petiot, et tout content de trouver du touriste à pigeonner. Il est tout trépignant aussi, et prêt à nous pourrir la vie joyeusement si nous restons cois.
- Moi, c’est Tuấn ! Je parle un peu le français, oui, oui, et vous êtes Français, non ? Toi, tu ne ressembles pas du tout à un Français mais toi, t’as un nez bien long comme il faut… Première fois à Hội An ? La ville du tissu et des jolies filles, allez, suivez-moi !
Mon voisin marque une pause. De bougon, le voilà qui soudain se débourre.
- Et vous faites dans le lin ? Le coton ? On s’ensuque tellement ici, il me faut du léger, et qui froisse pas, hein, du facile pour l’entretien et le pliage…
Nous plantons donc la gériatrie à ses péroraisons pour accompagner un Tuấn tout sourire, qui sait parler chiffon avec l’aplomb du plus grand maître couturier.
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