dimanche 20 août 2006

Tombés du ciel


Je me rappelle cette promenade d’il y a longtemps, au cimetière du Père Lachaise. J’étais avec quelqu’un – je ne me souviens plus de qui – et nous devisions sur l’absurde tentative de tous ces grand bourgeois qui, voyant leur fin venir et n’ayant plus une once de croyance dans une rédemption d’un au-delà qu’ils avaient contribuer à détruire, engageaient leur fortune dans l’érection de tombeaux gigantesques, baroques ou bien rococos, afin de laisser pourrir leur panse bien remplie d’une vie terrestre gloutonne.


Le spectacle des tombeaux impériaux des alentours de Hue pourrait évoquer cette même décadence. Après tout, ces empereurs, dépossédés de tout pouvoir réel sur la conduite des affaires de leur pays, n’avait pour seul occupation que celle des hobereaux nantis qui versifient le jour et honorent leur harem la nuit. Ils avaient à coeur de laisser à la postérité nationale un témoignage de la grandeur de leur règne inutile. Ils rêvaient sans y croire aux brumes des montagnes, lorsque l’âme remonte et rejoint les ancêtres, prenant garde aux chausse-trappes des démons facétieux des contes millénaires.


Alors, pour conjurer ce sort indigne de souverain sans pays, se mirent-ils avec passion à l’étude de leur propre tombe. Ils choisirent avec soin l’emplacement de leur dernière demeure, gardant secret le lieu exact de leur inhumation, à l’intérieur d’enceintes hautes et larges. Là, ils firent construire pavillons, cours, pagodes, étangs et tumuli, pour affirmer leur talent de sculpteur de peuple et d’histoire. Et puis ils mourraient, enfermant avec eux courtisanes, eunuques et serviteurs.




Tombeaux d’apparat sublimes, bien sûr, que Yen et moi-même sommes allés visiter, en moto comme il se doit, ce jour chaud et humide du mois d’août. D’abord celui de Minh Mang, puis celui de Tu Duc, d’où je rapporte ces clichés tout en long.

Aucun commentaire: