vendredi 23 août 2024
Anatomie de l'envol
jeudi 22 août 2024
mardi 20 août 2024
Interurbanisme
mercredi 14 août 2024
Colored mirages
Empile nuées d’aquarelles cendrées.
Au sol le brun, le jade et l’ocre
Jouent de leurs couleurs savanes,
Bourrasques donc qui se pavanent,
Orage d’été, doté de cordes,
De draches froides et tourmentées.
Qui de ce rempart délavé,
mardi 13 août 2024
Pas touche !
Châssinistre
Econography
lundi 12 août 2024
Comment s’y sent-on ?
dimanche 11 août 2024
Onomastique paysagère
Adoncques, quelques considérations d’ordre étymologique sur ce toponyme et cet oronyme aux consonnances métissées.
La Londe, d’abord. Il nous vient d’un hobereau bien né, sieur Antoine Lemonnier, Gouverneur des Tours de la ville de Toulon qui, dès 1678, prend possession de vastes parcelles de terres autour d’un petit hameau en bordure de la rade de Hyères, pour y construire une imposante demeure jouxtant l’ancienne chapelle des Bormettes. Il baptise ses pénates « Château de La Londe » en souvenir du marquisat normand et des bocages pluvieux dont il est originaire. Notre gentilhomme connaît son vieux norrois et, même si le temps est plus clément sous ces alizés méridionaux, il reste nostalgique des bois et bosquets détrempés de son Calvados natal.
Quant aux Maures, ils désignent ce massif qui s’étend de Hyères à Fréjus, que les provençaux d’il y a longtemps appelaient « las Mauras de Bormettas », en référence à la couleur sombre – du latin, Montem Maurum, « Mont Noir » – de ses lignes de crêtes. Nulle allusion aux influences sarrasines ici, mais plutôt à la nature sauvage, aux forêts de pin et aux roches affleurantes qui assombrissent le paysage.
De sorte qu’embrasser du regard les contours de ces reliefs, en nuances de gris, c’est avaliser cette désignation : voici devant nous « les fourrés des monticules ténébreux ». Effectivement, on peut admettre que c’est moins dépaysant, mais ça a le mérite d’être clair.
samedi 10 août 2024
vendredi 9 août 2024
Over troubled water
Suspendue à ses tirants de fer et retenue par deux piles de pierres taillées, elle a fort belle allure lorsqu’elle s’ouvre au public le 7 septembre 1845. C’est la joie chez les nantis de la rive gauche, dont la progéniture peut enfin traverser le fleuve sans faire le long détour par les ponts Morand ou Lafayette, et arriver enfin à l’heure pour la première cloche du Lycée Ampère, tout rougis par les mille espiègleries auxquelles on peut se livrer sur cette passerelle. Pour autant, la cérémonie d’inauguration n’est pas des plus heureuses, interrompue par les sanglots des veuves et quelques minutes de silence à la mémoire du maître d’ouvrage M. Santil et de huit de ses gars, tous morts en décembre de l’année précédente durant la construction, alors qu’un boulon d’amarrage sauta et fit s’effondrer tout l’appontement. Les Lyonnais compatissent, et l’accident tombe peu à peu dans l’oubli, alors que baguenaudent les riverains et les visiteurs de passage. Il fait bon s’y promener à la belle saison, pour se glisser dans la Presqu’île par l’insolite rue Menestrier.
Un siècle plus tard, rebelote. Cette fois, il n’y a plus de promeneurs qui flânent ou d’écoliers qui s’asticotent. On est sous l’Occupation, ça file droit, mais ça commence à sentir le roussi. Alors, la Wehrmacht fomente une opération de sabotage en bonne et due forme, et la passerelle est dynamitée le 1er septembre 1944 alors que l’armée allemande est en pleine déconfiture. Tout l’ouvrage est irrémédiablement détruit. Il faudra attendre la libération de la ville, quelques jours plus tard, pour amorcer illico sa reconstruction, qui s’achève en mai 1945, au moment de la capitulation teutonne. Les câbles sont de nouveau tirés depuis les aboutements de part et d’autre du fleuve, pour suspendre la travée faite d’un platelage de bois. Une nouvelle fois, les eaux tumultueuses du Rhône peuvent être franchies au rythme tranquille de la marche, pour mesurer le débit des eaux et la profondeur du ciel.
jeudi 8 août 2024
Venons-en aux faîtes
Elles ne nous regardent pas, ne se regardent pas, juchées là-haut sur un pignon au sommet de cette façade de briques et de béton blanc, curieuses peut-être des reflets des nuages sur le Rhône qui coule en contrebas. Deux têtes colossales, aux traits très art-déco, qui portraiturent Minerve et Mercure, par gout d’hellénisme d’années folles et à jamais perdues. Pourquoi une telle incongruité architecturale a-t-elle poussée là, sur ce bout du quai Sarrail ? On la doit à un certain M. Barioz, opulent fabricant de soieries de son état, qui donc, en 1929, commissionne pour son négoce un immeuble de rapport aux allures d’avant-garde, qu’il couronne de ces deux graves visages, comme pour conjurer la Grande Dépression à venir. L’édifice fait parler de lui, et accueillera au fil des époques consuls, notables et magistrats, férus de pierres nouvelles et de confort moderne.
Un peu plus loin, mais plus couleur locale, un joli toit de tuiles vernissées vient chapeauter un bâtiment angulaire. Cette toiture, pourtant, détonne : on ne trouve pas beaucoup de chape de la sorte, parementée de mignons losanges d’or, pour attirer le regard vers ces fenêtres mansardées qui inspirent sérénades. L’édifice ainsi coiffé, piqueté d'une antenne bulbeuse, est lui aussi bien rupin, mais sans trop d’esbroufe, et se fond dans l’alignement conforme aux quartiers bourgeois de la rive gauche, entre deux perspectives ; celle, cintrée de piliers de pierre, qui suit la travée de la Passerelle du Collège ; l’autre, entravée par l’exiguïté de la rue Bugeaud, qui vient buter sur la colonnade et le chapiteau de l’église Saint-Pothin.