Drôle d’occurrence, que d’habiter successivement aux deux extrémités de la même rue. La première adresse, côté fleuve, s’ouvre sur un quartier cossu, emprunté parcimonieusement par de vieilles dames promenant aux heures vespérales leurs bichons égosillés. Quelques magasins aux vitrines feutrées offrent chaussures ou bien chapeaux à prix extravagants, tandis que les brasseries font étalages de leur clientèle bien mise. La seconde, côté gare, profite des gargotes orientales pour fleurer d’étranges parfums d’ailleurs, dans le tintamarre des cafés bien branchés. On s’y gare souvent en double-file, dans l’impatience de transactions furtives et sibyllines. L’un dans l’autre, on fait souvent l’aller-retour, du fleuve à la gare et de la gare au fleuve, en avisant les numéros qui séparent ces deux microcosmes, celui du 13 et du 170.

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