dimanche 11 août 2024

Onomastique paysagère

Côte d’azur en nuances de gris, aperçue depuis cette bicoque adossée à sa colline comme un barnacle à son rocher. On y domine les vallons du village de La Londe-les-Maures, en contrebas du massif éponyme.
Adoncques, quelques considérations d’ordre étymologique sur ce toponyme et cet oronyme aux consonnances métissées.

La Londe, d’abord. Il nous vient d’un hobereau bien né, sieur Antoine Lemonnier, Gouverneur des Tours de la ville de Toulon qui, dès 1678, prend possession de vastes parcelles de terres autour d’un petit hameau en bordure de la rade de Hyères, pour y construire une imposante demeure jouxtant l’ancienne chapelle des Bormettes. Il baptise ses pénates « Château de La Londe » en souvenir du marquisat normand et des bocages pluvieux dont il est originaire. Notre gentilhomme connaît son vieux norrois et, même si le temps est plus clément sous ces alizés méridionaux, il reste nostalgique des bois et bosquets détrempés de son Calvados natal.

Quant aux Maures, ils désignent ce massif qui s’étend de Hyères à Fréjus, que les provençaux d’il y a longtemps appelaient « las Mauras de Bormettas », en référence à la couleur sombre – du latin, Montem Maurum, « Mont Noir » – de ses lignes de crêtes. Nulle allusion aux influences sarrasines ici, mais plutôt à la nature sauvage, aux forêts de pin et aux roches affleurantes qui assombrissent le paysage.   

De sorte qu’embrasser du regard les contours de ces reliefs, en nuances de gris, c’est avaliser cette désignation : voici devant nous « les fourrés des monticules ténébreux ». Effectivement, on peut admettre que c’est moins dépaysant, mais ça a le mérite d’être clair.

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