samedi 21 octobre 2017

鸛の物語 一

 - C’est une grue.
 - Une quoi ?
 - Une grue. L’oiseau. Longues pattes, long cou courbé, bec pointu.
 - Ça pourrait aussi bien être une cigogne.
 - Y a pas de cigogne au Japon. Donc, une grue.
 - Savais pas que tu t’y connaissais en piafs à échasses.

Il a raison.

Je n’y connais rien aux échassiers, qu’ils volent en V en Europe ou en Z en Asie. Sauf qu’il n’y a pas de cigogne au Japon, ça, je pourrais le garantir. Après l’avoir encore contemplé un moment, je range le sceau dans son étui, que je mets dans ma poche.
 - Allez, boucle-la. On atterrit bientôt.

On pourrait croire le contraire, mais nos rapports sont amicaux. Pince-sans-rire, oui, mais cordiaux, si l’on passe sur les jurons et les blagues à la con.

Un coup d’œil au hublot nous confirme que le temps est bouché, pluvieux, et que l’avion semble vouloir amerrir.
 - On va se planter dans la flotte ?
 - Non. Les Japonais manquent de place. Alors pour faire atterrir les coucous dans la baie d’Osaka, ils ont créé une île pour y installer leur nouvel aéroport. Ils sont comme ça, ils sont insulaires, alors une de plus ou de moins…

Dont acte. La piste apparaît au dernier moment. On se pose sur un tarmac trempé. La saison des typhons, il paraît.

Dès que je retourne dans ce pays, ma tête et mes épaules prennent le relais. À chaque rencontre, je ne peux m’empêcher de me pencher en avant, en prononçant de longues mélopées polies et de circonstance. On passe les contrôles et la douane à force de révérences, et, bagages à la main, on se rend à la gare. Les trains, ici, roulent d’île en île sur des ponts interminables. Osaka étend ses banlieues aussi loin que le regard le permet, et le paysage fait défiler toutes les palettes de gris en boîtes plus ou moins rectangulaires. Enfin, on arrive à destination. C’est un meublé, mais minimaliste, au nord de la ville, dans un quartier moderne et tout propre. On va pouvoir s’allonger un peu, sur les premiers futons dépliés, en buvant une Kirin Ichiban. Après quelques lampées, il faut bien deviser un plan d’action.

J’ai mon idée.
J’ai toujours des idées, c’est mon problème. Il a toujours des réserves, c’est son atout. Entre nous, ça marche d’habitude pas mal, comme ça. 
On en saura plus demain, sur cette grue gravée sur ce sceau, dans un étui, dans ma poche.

2 commentaires:

Jimidi a dit…

La suite ! La suite !

Aurèle a dit…

génial! J'attaque de suite la suite !!